Il n’est pas très amateur de foot, mais il lui est arrivé d’assister à une joute, de celle qu’on appelle partia bolla. Un spectacle qui ne se refuse pas. La veille, déjà, il assistait étonné au défilé de voitures de l’équipe qui venait disputer sa rencontre en déplacement. Klaxons et voitures décorées aux couleurs du club. Chants et provocations dans toute la ville.
Pression sur les services d’ordre qui ne savaient plus où donner de la tête. Le lendemain, une atmosphère indescriptible régnait dans le stade. Coups de sifflet de l’arbitre se confondaient avec la musique et les tambourins de circonstance. La performance des joueurs était saluée par des onomatopées et des cris d’arène. Bref, tout ce qui constitue le folklore habituel de telles joutes.
Mais comme il n’était pas supporter de l’une ou de l’autre équipe, il ne perdait pas trop de temps à regarder l’évolution des joueurs qui essayaient, tour à tour, de se détruire pour les honneurs et la gloire. Il s’arrêtait à un autre spectacle qui en vaut tout autant la peine: celui de la foule…
Vous verrez alors des gens saisis d’une rage hystérique lorsque l’une de leurs idoles se fait mettre sévèrement en échec; vous en verrez d’autres tomber dans le «delirium tremens» lorsque leur équipe marque un but; vous verrez soudainement la foule «faire la vague» pour encourager ses joueurs favoris; bref, vous assisterez à des manifestations d’émotions spontanées vives et colorées qui n’ont de nom que «défoulement collectif». L’anonymat de la foule permet alors des attitudes des plus saugrenues et toutes les explosions émotives civilisées ou pas.
Le reste du spectacle se jouera à l’extérieur du stade, où tous les magasins sont obligés de descendre leurs rideaux. Les perdants dérangeront tout au passage. C’est que ces jeunes n’ont plus que ce mode d’expression. Et ce n’est pas une réforme sportive qui changera leur comportement. C’est la réforme économique qui fera du ministère de la Jeunesse et des Sports, le ministère de la jeunesse et du travail.
30 mai 2011
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