La question palestinienne n’en finit plus de faire tressaillir le monde arabe et musulman à chaque nouvelle déclaration du maître du monde. Une oreille dressée en direction de Washington, une autre vers Israël, à l’écoute des dernières rumeurs
concernant leur avenir, les Arabes continuent de considérer le problème d’Al Qods comme un dossier interne à la politique américaine et que la solution au conflit sortira du congrès, s’ils restent bien sages. Une fuite en avant bénie par l’abdication des capitales arabes, aidées par l’automutilation des responsables palestiniens qui préfèrent regarder ailleurs, lorgnant la Libye par exemple, et tourner le dos à un chapitre devenu, avec le temps et à force de compromissions et de pantalonnades, une véritable honte sur le visage grêlée de l’arabité. Evoquer la Palestine aujourd’hui, c’est rappeler les épisodes de la défaite des Arabes depuis l’époque du chameau jusqu’à celle des gratte-ciels. Revisiter l’histoire de la Palestine et d’Al Qods, c’est comme remuer le couteau dans la plaie ouverte du désert, et ça fait toujours du plaisir de déranger la quiétude des gardiens de la Mosquée, bien planqués dans leurs palais sous un parapluie étoilé. Morts les défenseurs traditionnels de la Palestine aux Palestiniens, le monde arabe s’est retrouvé en face d’un discours post 11 septembre de ses dirigeants résolument tournés vers la lutte antiterroriste, incluant dans leurs cibles la liste des groupes proclamés par les USA comme terroristes et les pays dits voyous. Dans le tas, on trouve pêle-mêle le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien, la Syrie, l’Iran. En bref, toutes les organisations et capitales qui ont toujours appelé à libérer les territoires occupés et à récupérer Al Qods. Les nouveaux rois et présidents arabes vissés sur leurs trônes respectifs avaient expressément reçu l’ordre d’évacuer la Palestine de leur plateforme revendicatrice s’ils voulaient rester en dehors de la liste noire. La question n’était plus prioritaire pour les Arabes et les musulmans puisque leur premier souci était de faire face au terrorisme islamiste. Cette carte, un véritable atout dans le jeu adverse, a été superbement exploitée par les croisés ; c’est comme ça qu’ils se définissent quand leur langue dérape ; pour coloniser et démembrer des Etats souverains dont le seul tort est de posséder un sous-sol riche en hydrocarbures. Le Soudan, l’Irak, le Koweït, la Libye et bientôt l’Algérie ont été mis au pas alors que l’Egypte et la Tunisie, deux grandes amis de la lutte antiterroriste, ont basculé du côté des révolutionnaires. Le printemps arabe semble proposer une autre dimension à la cause palestinienne puisqu’au lendemain de la chute du dernier pharaon en carton, les frères ennemis se sont réconciliés et le terminal de Rafah rouvert. Mais de là à penser qu’un vent de libération va souffler sur la Palestine, il y a mille et un obstacle à surmonter et en premier la peur viscérale des dirigeants arabes à voir la fin du monde. Une fin du monde dont l’un des derniers signes, pour ceux qui y croient, est la libération d’Al Qods. C’est uniquement pour cette raison que les roitelets et présidents de pacotille arabes ne feront rien de leur vivant pour libérer la capitale de leur mort.
30 mai 2011
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