« Nous sommes tous frères», c’est ce que nous entendons dire autour de nous pour tenter d’expliquer que les tueries, les guerres sont inutiles et fratricides. Nous sommes tous frères.
Remarquez que c’est ce que devait penser Caïn. Personne plus que lui n’était convaincu qu’Abel était son frère, mais cela ne l’a pas empêché de le tuer. Nous aussi, nous savons que nous sommes tous frères, mais ça ne nous rend guère meilleurs que lui. Nous avons, ikhouani akhaouati, la même mère patrie. Ça n’empêche pas le pays d’être divisé en partis politiques qui se tirent dans les jambes autant qu’ils peuvent. On est tous frères, comme les enfants d’une même famille (révolutionnaire). Mais quand les parents s’en vont, il faut se partager l’héritage. Buisson très épineux où la fraternité laisse des lambeaux d’étoffe et de chair. Là, la fraternité devient bien impuissante pour régler les différends qui opposent les ikhouani akhaouati. Il faut donc lui substituer les tribunaux… «Toi, tu es mon frère, alors ce qui est à toi est à moi !». C’est la théorie des pickpockets, des escrocs. Mais c’est aussi la théorie de tous ceux qui font la même chose sous le couvert de la loi. C’est la théorie du commerçant, ya akhi, qui met du poison dans sa nourriture pour qu’elle ait une plus belle apparence afin de mieux la vendre à son akhi le client. Le commerçant qui vend du zbel, qui le sait, mais qui met par-dessus le vernis «tijara», mensonge commercial.
Lista kbira, ya akhi. Il faudrait parler du scandale du prix de certains médicaments. Ce sont là des embuscades légales dans lesquelles on fait tomber son akhi pour le soulager du peu d’argent qu’il aurait. Et le résultat, c’est que ces gens-là, au lieu de les mettre en prison, nous, ikhouani akhaouati, nous les mettons sur les listes des invités à convier pour des concertations sur les réformes! Mais, maaliche ya akhi, nous sommes frères et khodmi ouahed yadbahna… Quelle douceur, cette métaphore de la fraternité !
26 mai 2011
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