« Ceux qui par bravade ou inconscience travestissent l’histoire en espérant conquérir le ciel, à l’exemple d’Icare, se brûleront immanquablement au soleil ardent de la vérité»1
Il était un Novembre, il était une fois, une révolution de vingt deux membres ayant mis tout un peuple en émoi ! Défiant une puissance coloniale, appuyée par les feux terre-ciel, d’un OTAN partiel, elle fut, à la faveur d’un tiers monde à l’affût, mise sur orbite afin que les opprimés par l’asservissement en profitent La nostalgie d’une Algérie française, dont les feux de l’amour s’efforcent vainement de ranimer la braise, peine à dissimuler son rancunier malaise !?
Convoitant éternellement les richesses d’un sud «méprisé», râlant une diplomatie de maladresses sous le strip-tease d’un donquichotte épuisé, ces «saigneurs» du protocole de Kyoto2, détenteurs du véto depuis l’humiliante reddition de Hirohito, n’ont à ce jour – n’en déplaise aux éblouis par les gondoles berlusconiennes, les Champs-Élysées lepeniennes et la Statue de la liberté guantanamienne – pas pu se catharsiser de l’infernale danse de la mort ! Ne dit-on pas – à juste titre – dans notre registre de dérision que le danseur du Gallal n’oublie jamais la chorégraphie des épaules ?
S’il est vrai qu’il ne faut pas sortir des Grands amphithéâtres prêchant l’ensorceleuse liberté-égalité-fraternité, modulée dans un emballage chatouillant la spécialité «Relations Internationales», l’on ne peut – chemin logique faisant – indexer Hamid Saraj 3 de sauter de la grenouille à l’éléphant, quant il raconte à ses petits Omar les sortilèges de la méchante sorcière tout en calquant l’histoire de «sa» révolution sur celles qui forcent actuellement l’orbite arabe !
En effet, après le fallacieux voire malicieux putsch de Généraux désenchantés, tous les ingrédients d’apprentis sorciers mouvementés, nourrissant à satiété une Algérie ayant pour ancêtres les Gaulois !, furent mijotés dans une marmite à l’arome «OAS» pour déstabiliser une révolution qui s’apprêtait dans l’imminence à déloger leurs éminences ! Il y avait tout aussi des «Baltagia» ayant détourné leur chéchia, qui furent contraints de s’accrocher à un rapatriement de refoulés «soudainement» déboussolés
Beaucoup d’eaux coulèrent sous les ponts des deux rives, et bien que la diplomatie, du grand jour et en autarcie, esquivait les grandes dérives, la passerelle économique s’est vue imposée entre deux partenaires, fier chacun de sa souveraineté ! Avec le recul d’une lumière en veille, et les mille et une nuits portant conseil, la ville des anges et des démons reconnu même ses torts, défendus vainement avec sermon, en honorant, bien que réhabilités à titre posthume, la mémoire des Maurice Audin et Général Jacques de Bollardière jusque-là entachée d’opaques écumes !
Parallèlement, les récentes petites secousses, qu’occasionnent «naturellement» les grands tsunamis, qui «agrémentent» le décor de la place Ettahrir et l’avenue Bourguiba, sont les effets indésirables d’une potion révolutionnaire dont le remède thérapeutique est plus que bénéfique pour un organisme qui était à la lisère entre le désespoir et l’agonie On – ô qu’il est magique ce pronom indéfini jouant le rôle d’actant mais ayant paradoxalement la faculté dubitative de disparaitre comme par enchantement dès qu’il est question de chercher le sujet dans la forme passive !- tente, dans un soubresaut d’une hyène piégée, de semer l’horreur et l’insécurité dans un vain dessein de confusion pour s’approprier voire dérailler le printemps arabe qui a désormais d’autres panthères à fouetter !
Quel plan serait plus diabolique pour des jeunes égyptiens, coptes et musulmans, qui, à la surprise désenchantée des surenchères israélo-occidentales, n’avaient brandi que l’étendard de la liberté et de la démocratie ? Une tension fratricide entre salafistes et coptes demeure l’ingrédient, qui avait manqué à la recette de l’OAS, le plus approprié pour déboussoler la parabole que les Egyptiens venaient tout juste d’orienter vers Sinaï, El Ariche et Rafah, voire avec les options d’un bouquet brassant tous les écrans du stratégique moyen orient ! Hier encore, en 1956, la nationalisation du canal Suez n’avait-elle pas incité l’invasion du trio «civilisé et démocratique» France, Grande Bretagne et Israël ? Aujourd’hui, les jeunes de la place Etahrir ont osé nationaliser la décision politique ! Quel trio «OAS» se cache derrière la mèche lente ethnique égyptienne ?
Quant aux héritiers légitimes de Mohamed Bouazizi, et qui ont eu l’audace d’ouvrir une brèche dans le labyrinthe Benalien, une impasse sans issue qu’ «on» brandissait à tout mauvais entendeur, d’une main la menace terroriste et de l’autre la bénéfique et rassurante voire alléchante dictature. Il serait – ah voilà bien une autre formule impersonnelle qu’aucune ONG ou un quelconque organisme onusien ne peut débusquer ou conduire au partiel TPL4 – judicieux, pour un pareil tsunami pernicieux, de semer le trouble et le doute, quitte à inciter à la dictature militaire, au sein d’une société dont même un «potentiel Ben Laden» nommé Ghanouchi a, contre toute attente islamophobienne, sagement décliné toute aventure politicienne ! Décidemment, après notre parcours du combattant défiant l’incriminante «qui tue qui», nos alliés dans le martyr de Sakiet Sidi Youcef doivent surmonter farouchement mais la sereine opiniâtreté l’intrigante «qui juge qui» !
Ô tyran oppresseur Ami de la nuit, ennemi de la vie Tu t’es moqué d’un peuple impuissant Alors que ta main est maculée de son sang Tu abîmes la magie de l’univers Et tu sèmes les épines du malheur dans ses éminences ( )
Doucement ! Que ne te trompe pas le printemps,5
*Universitaire
Notes :
1- NEDJADI Mohamed Mokrane, «Témoignage d’un officier des services secrets de la révolution algérienne (D.V.C.R.- M.A.L.G.)», Editions DAR EL GHARB 2011, p243
2- Protocole adopté au Japon le 11/12/1997 par les pays industrialisés pour faire face aux changements climatiques alarmants.
3- Personnage emblématique de l’une de la trilogie de Mohammed Dib (jeune homme cultivé et respectable symbolisant la révolte et la prise de conscience d’une Algérie à l’aube de sa révolution), La Grande Maison, éditions du Seuil, 1996.
4- Tribunal Pénal International
5- Abou El Kacem Echabbi
20 mai 2011
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