El-ghaïta et le gallal à droite, zorna et bendir à gauche, des foules versées par des tracteurs et des camions sur les trottoirs badigeonnés par des maires qui n’ont jamais enfanté une bonne initiative. Le tout est encadré par des porteurs de brassards. C’est la fête, on se déhanche, on tape des mains jusqu’à l’usure, jusqu’à l’os, qu’on nous jetait, le temps d’une date à célébrer par un chant national. Mon Dieu, que de fois n’a-t-il pas été rabâché pour annoncer leurs discours à mourir debout !
Les temps ont changé, n’en déplaise à ceux qui pensent que le calendrier est une création du diable. Longtemps fredonnée sur différents registres, la symphonie en «dodo» ne draine plus les masses. Elle assomme. Les musiciens boudent la partition. Les instruments se règlent sur un même diapason: La. Non! Ils refusent d’être dirigés à la baguette. Les maestros, contraints, leur permettent de créer leur propre groupe. Ainsi, alto, soprano et moderato, chacun selon sa corde, l’air pincé, se libère, proposant chacun son concerto. Le public souffle.
Dorénavant, il y aura le choix. Quelques-uns choisiront les berceuses et continueront à vivre leur «Atlal»? D’autres navigueront au gré du vent… A vouloir trop braver les courants d’air, ils s’essouffleront. «Quelle galère, diront-ils, c’était plus simple quand on était gérés par le maestro». Piètre et éphémère sera la prestation de ceux qui changeront leur tempo à chaque changement de drabki. Ils interpréteront des morceaux pour «des miettes» et essayeront de trouver l’accord juste entre la pensée et l’arrière-pensée.
Le public, messieurs les mécènes de toutes les scènes, n’est pas dupe. Il sait apprécier la mélodie harmonieuse de ceux qui ont opté pour l’instrument moderne, porteur d’espoirs présents et futurs. Il ne croira ni les publicistes qui colportent les messages de Fès, ni les «plébiscistes» qui caressent les écoutes apprivoisées.
Oh grand peuple, les solos aigus du petit peuple se font graves… Tendez vos oreilles, avant que l’histoire ne vous les tire, comme aux cancres de la classe. Ya nass bekri, vous n’avez plus à faire à nass begri !
20 mai 2011
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