Oran zenga, zenga |
Noir et blanc |
Mustapha Mohammedi |
Liberté : 09 – 04 – 2011 |
Il était temps de la débarbouiller, la vieille dame et de la débarrasser du cambouis qui lui colle au bout des ongles. Oran s’est laissée aller pendant des années, au point de devenir sénile et de ressembler à un épouvantail.
Mais est-ce une raison pour ne pas lui changer de langes ? Et pourquoi pas de look ? Une nouvelle jeunesse ne lui ferait que du bien.
Tout le monde vous le dira, quand le neuf est plaqué au vieux, la mayonnaise prend toujours. À force de vivre de sa notoriété et d amour frais, Oran a fini par perdre le peu de charme qui lui restait et son pouvoir de séduction n’est plus qu’un lointain souvenir. Et d’ailleurs, on s’est tellement habitués à voir ses murs lépreux se ratatiner que nous sommes parfois étonnés qu’elle tienne encore debout, droit dans ses bottes. Et puis badaboum …des immeubles quasiment abandonnés prennent aujourd’hui des couleurs. On peint un peu partout, on ravale à tour de bras, des pans entiers de la cité refleurissent de nouveau. Des citoyens stupéfaits redécouvrent une ville au design insoupçonné que la patine de l’âge a complètement gommé. C’est le grand lavage, la lessive républicaine. Mon Dieu, faites que je ne rêve pas, faites que ça dure. Je ne sais pas quel nom il faudrait donner à cette baraka soudaine, mais elle retape, requinque, revigore.
Désolé, je n’ai plus d’autres mots en stock. Petit bémol qui risque d’enlever tout le chic de l’opération en cours : on a astiqué un seul côté de la pièce, le côté face, celui qui doit offrir au monde qui nous regarde une image aseptisée et apaisée de la ville. On l’a si bien mitonné aux petits oignons qu’on a oublié le coté pile, celui qui n’attire ni les touristes, ni les strass, ni les flonflons de la fête. Celui des zawalis. C’est là qu’il faut ravaler, nettoyer, illuminer et susciter le sourire, maison par maison. Îlot après îlot …zenga zenga.
M. M.
19 mai 2011
Contributions, M. MOHAMMEDI