Nous et nous |
Mohamed Benelhadj |
Le Soir d’Algérie : 24 – 02 – 2011 |
Une révolution se déroule sous nos yeux. De celles qui ont marqué l’Histoire.
Nous avions cru, aveuglés que nous étions par nos ego, nos mésalliances, notre quête éperdue de privilèges indus, nos trahisons, le mépris même que nous
affichions à l’encontre de la chair de notre chair, pour nous être sustentés à d’autres sources que celles de nos oueds que nous croyions desséchés, nos préjugés, alignés sur ceux des Occidentaux, nos maîtres, que le monde arabo-berbère, tel qu’observé du haut de nos complexes, était à tout jamais figé. Et voilà que ce corps mou, insaisissable, se met en mouvement. Ici même, sous nos plus hésitantes, incertaines, nous affirmions les différences entre Tunisiens et nous, puis entre Egyptiens et nous, puis entre Bahréïnis et nous, puis entre Yéménites et nous et maintenant entre Libyens et nous. Faudra-t-il bientôt marquer la différence entre nous et nous ? Jusqu’à une heure avancée du temps, faudrait- il qu’il n’y ait plus que nous et nous pour qu’enfin nous comprenions que nous étions à la fois Tunisiens, Egyptiens, Yéménites, Bahréïnis et Libyens ? Oui nous sommes tous ces peuples à la fois, nos semblables, nos frères. Tout à l’heure, tout de suite, soyons eux pour ne pas risquer de ne plus être nous.
19 mai 2011
M. MOHAMMEDI