l’instituteur |
Noir et blanc |
Mustapha Mohammedi |
Liberté : 16 – 03 – 2011 |
De mon temps, l’instituteur était un monsieur. La crème de l’élite. Il était considéré comme un notable, quelqu’un devant lequel on se découvrait. Et pour lequel on laissait le passage. Ses paroles en classe étaient bues dans le silence absolu. Pour nos yeux d’enfant, il symbolisait la science,
la sagesse et la droiture. Bref, l’exemple qu’on devait suivre coûte que coûte. Il avait un temps pour Jules Renard et un temps pour les infinitifs, un temps pour les participes et un temps pour les adverbes pronominaux. Chaque bambin devait garder par-dessus lui un carnet des règles d’orthographe. Il pouvait vous surprendre sur le trottoir en pleine partie de billes et vous poser une colle : “Quels sont les mots qui commencent par at ?” Vous devez répondre alors : “Tous les mots qui commencent par at prennent deux t sauf Athos, atlas.” Et les mots qui commencent par ap ? Vous devez répondre : “Tous les mots qui commencent par ap prennent deux p sauf aplomb, apitoyer, apostrophe.” Aujourd’hui, dans certaines écoles à Mostaganem, la maîtresse demande à ses élèves de lui ramener des œufs pour la leçon et pour son usage personnel. Dans certains lycées à Oran, des élèves dépannent leurs professeurs quand il est en panne de cigarettes… Non, notre école n’est pas sinistrée. Elle est à notre image.
19 mai 2011
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