lejna |
Noir et blanc |
Mustapha Mohammedi |
Liberté : 20 – 02 – 2011 |
Elle a 78 ans, bientôt 79 et vit dans un garage désaffecté de Aïn El-Turck. Garage est un bien grand mot. Il s agit en réalité d’un espace qui tient à la fois du cagibi et du débarras sommaire. N’allez surtout pas croire qu’il s agit d’une SDF paumée comme on en voit souvent dans les grandes villes.
Non. C’est une femme qui avait un époux, un foyer, une famille et une dignité et qui a marié cinq filles. Aujourd hui que le pilier da la maison n’est plus de ce monde, que la maison elle-même a été récupérée par ses propriétaires et que les enfants naviguent chacune de son côté, la vieille dame se retrouve terriblement seule, sans aide, sans ressource, sans même l’amour des siens qu’ elle était en droit d’attendre. On lui a conseillé de voir la lejna, la commission chargée d’attribuer les logements. Elle n a jamais réussir à la voir. Ni de près, ni de loin, ni en rêve ni même a quoi elle ressemble. Tantôt on lui dit qu’elle allait se réunir, tantôt qu’elle s’apprête à se réunir et tantôt qu’elle devrait se réunir. Alors elle écrivit des lettres à la lejna, à la daïra, à la wilaya. Mais sans jamais obtenir de réponse. Elle écrira des lettres de rappel, sollicitera des rendez-vous. Là encore sans la moindre réaction de l’administration. Elle fera le pied de grue dans les salles d’attente dans l’espoir de parler à un gros bonnet. Mais aucun bonnet ne s’arrêtera sur les quais Pour éviter d’être interpellés par la populace, ils laisseront aux lampistes de service le soin de régler la circulation.
19 mai 2011
Contributions, M. MOHAMMEDI