C’est fou comme les malades s’amusent |
Noir et blanc |
Mustapha Mohammedi |
Liberté : 29 – 01 – 2011 |
Certains textes sont tordus, nous le savons, et pédalent très souvent à côté de leur vélo, en plein yaourt. Voici un exemple concret et comme dirait l’autre très vécu par un citoyen qui a eu le malheur de tomber malade.
ça commence au réveil. Il n’arrive pas a se mettre debout à cause d’une migraine. Peut-être même d’un début de grippe. Bref, c’est le coup de pompe. Cela arrive. Les ennuis aussi comme vous allez le voir. Primo, il ne peut pas garder le lit parce qu’il doit se déplacer, consulter un médecin et justifier son absence par un arrêt de travail. Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit de trois jours. Je passe sur les frais de taxi, du toubib et des médicaments qu’il lui prescrit pour en arriver à l’étape suivante, le secundo. Là, les choses déraillent, dérivent. C’est du kafka démence assurée, du kafka pur. Malgré des genoux en compote il a fait une première chaîne à l’agence Cnas pour obtenir un cachet sur sa feuille de maladie, puis une seconde chaîne beaucoup plus loin pour un visa de contrôle et au bout, tout au bout du bidule, il s’entend dire que son arrêt de travail était refusé. Il passe alors une seconde visite chez son médecin qui lui rédige un compte rendu médical détaillé. Ereinté, fourbu et tout en sueur, on l’invite à un autre tour de piste, chaîne, cachet, contrôle pour s’entendre proposer à l’arrivée qu’il lui faudrait procéder à une expertise. Comme la plaisanterie avait assez duré, le pauvre malade écœuré par tant de mesquinerie a décidé à l’unanimité de sa voix de prolonger son arrêt de maladie de deux jours supplémentaires sans toubib, sans contrôle, sans cachet, sans expert, sans l’OMS, sans l’ONU, sans l’orchestre philarmonique de Bâb El-Oued, le quator, de M’dina J’dida et même sans la permission de son patron et de la Confédération internationale des patrons.
M. M.
19 mai 2011
Contributions, M. MOHAMMEDI