L’évocation de la grève du 19 Mai 1956 reste encore vivace dans sa mémoire. Elle en parle avec force détail et le souci de dire, de témoigner. Zoulikha Bekkadour a vécu l’événement qui a défrayé la chronique et semé la stupeur au sein du pouvoir colonial.
PUBLIE LE : 18-05-2011 | 17:17
L’évocation de la grève du 19 Mai 1956 reste encore vivace dans sa mémoire. Elle en parle avec force détail et le souci de dire, de témoigner. Zoulikha Bekkadour a vécu l’événement qui a défrayé la chronique et semé la stupeur au sein du pouvoir colonial.
Les étudiants et les lycéens, qui ont fait le choix de prendre le maquis, ont donné un coup fatal aux dernières illusions de l’ennemi. Ils ont tout rejeté pour répondre à l’appel du FLN.
Ses propos, marqués d’une certaine émotion, nous replongent dans ce contexte fait de lutte révolutionnaire, d’obédience fidèle à la cause de notre peuple. Ecoutons-la.
« Je suis née à Tiaret et grandi à Tlemcen, dans le quartier résidentiel d’El Kalâa. J’avais onze ans quand les massacres du 8 Mai 1945 se sont produits à Sétif, Kherrata, Guelma et même à Alger. Ces atrocités nous ont grandement affligés et nous étions sensibles au drame qui a touché le pays à ce moment. Les jeunes nationalistes que nous étions ne pouvaient pas rester insensibles au climat de terreur, de répression qui s’abattait sur les Algériens.
Quand la Révolution s’est déclenchée le 1er Novembre 1954, on était moralement préparé.
J’ai rejoint les bancs de l’université en octobre 1955. Mohamed Amara Rachid, qui était étudiant en propédeutique lettres, m’avait proposé de me présenter au vote pour la constitution du premier bureau exécutif de la section d’Alger de l’UGEMA, qui existait déjà depuis un an.
Le scrutin m’a permis d’être élue à la majorité des voix exprimées. La nouvelle des résultats du vote m’a été livrée par Allaoua Benbatouche. On m’avait confié le poste de trésorière.S’agissant de la grève du 19 Mai 1956, il faut dire que le climat était propice à son déclenchement dans la mesure où nous subissions toutes sortes de mauvais traitements de la part des colonialistes. On apprenait chaque jour des informations alarmantes et pénibles qui concernaient nos camarades qui faisaient l’objet de répressions. Décision a été prise de nous réunir et de décréter, à la majorité, un mouvement de grève. Tous les membres de notre bureau étaient menacés de représailles.
J’ai quitté Alger pour rejoindre la Wilaya V où j’ai été accueillie par Mohamed Seghir Nekkache. J’avais reçu une formation par ses soins. La décision de rejoindre le maquis a été prise au lendemain de la grève. L’impact du boycott illimité des cours et des examens a résonné comme une bombe.
On considérait que les djounoud étaient des «Fellagas», sans soutien et sans assise. Quand les étudiants ont décidé de prendre le maquis, ce fut la consternation dans les rangs de l’ennemi. Tous les établissements scolaires ont été désertés à cause de la grève. Les étudiants ont disparu dans la nature et ont voulu rejoindre le maquis par tous les moyens afin de répondre à l’appel du devoir.»
M. Bouraïb
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18 mai 2011
Histoire