Nos journées commencent avec les mêmes plis, les mêmes bosses. Les mêmes dos-d’âne. Les mêmes appels à la prière. «Cinq fois par jour, en ses lieux saints, le Bon Dieu nous invite. On y va ou on n’y va pas. Mais dès que c’est la justice qui nous convoque, on y court», se disait-il. L’homme est un drôle d’oiseau.
Ses journées, comme les rues de nos villes, sont accidentées, pleines de trous, pleines d’incertitudes. Des journées sans. Il est réveillé par le colporteur d’eau et son refrain, hymne à la sécheresse «maaa h’lou». Il se rappelle que la maisonnée est sans eau. Bidoune ma. Il est obligé de descendre en chercher. Un bidoune à droite, un autre à gauche pour l’équilibre. Il faut le dire, bidoune dénigrement que tous ceux qui se sont relayés au pouvoir, n’ont pas pensé assez tôt aux barrages, ni au faux barrages d’ailleurs. Ils naviguaient à vue, bidoune vision lointaine. Chacun ne pensant qu’à sa carrière. Finir son mandat, bidoune mandat d’arrêt, en espérant un autre. C’est qu’ils n’étaient pas bidoune ambitions. Il fallait s’accrocher à son koursi. Et pour se faire, ne pas déranger l’ordre établi était le maître mot. Sinon ya khouya… Ils risquaient de se retrouver bidoune poste. Et quand on devient bidoune poste, on se retrouve bidoune amis, bidoune appuis, bidoune salaire. Sauf si, pendant son mandat, on a été bidoune scrupules et qu’on a garanti ses arrières… Bidoune démagogie. Il y a eu des gens intègres. Ils ont gueulé, cogné sur les tables de réunion, mais bidoune fayda. Ce n’est pas par hasard qu’on se retrouve, dans une éternelle répétition. C’est que les acteurs changent à la vitesse du son et du mauvais sang. Le metteur en scène s’embourbe dans une éternelle redistribution des rôles et le peuple en spectateur attend. Il attend bidoune horizon, le dénouement de cette comédie qui ne fait plus rire.
16 mai 2011
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