« S’mahli», excuse-moi, et vous êtes désarmé face à cette ménagère qui a balancé toute la poussière de son balcon sur votre tête porte-bagages au moment où vous passiez.
Je m’excuse, vous dira celui qui a envoyé son mégot pile dans votre couffin au moment où vous passiez devant la porte de sa boutique.
S’mahli, excusez-moi ! Vous avez reçu un ballon perdu plein la gueule, et ta gueule ! Parce qu’il y a son père qui, en face, vous sourit, voulant dire «Allah ghaleb, nos enfants n’ont pas de terrain où jouer».
Skise-moi mon frère, j’ai mal compté ! Celui-là a essayé de vous arnaquer en faisant une addition. Mais y a pask’sa.
Entre celui qui s’excuse de vous recevoir dans de telles conditions et celui qui s’excuse de ne pouvoir vous recevoir; celui qui s’excuse de son ignorance et l’autre qui s’excuse de paraître pédant. Tel s’excuse de parler à mots fourrés et tel qui s’excuse de ne pas déguiser ses pensées. Ceux qui s’excusent d’avoir des enfants aussi mal élevés et les autres qui s’excusent de ne pouvoir bien les élever. Skise-moi de te déranger de si bonne heure, ou bien skise-moi de te téléphoner si tard.
Au moment où vous léchez tranquillement une vitrine, vous recevez un coup de poing au dos. Deux tonnes de haine. Vous vous retournez : skise-moi, je vous ai pris pour une autre personne J’arrête et je m’en excuse, la liste est tellement longue…
On vous embarque devant tout le monde. On contrôle votre identité, c’est pas vous, vous êtes relâché. Vous n’attendez même pas leurs excuses… Vous vous sauvez en murmurant skise-moi…
D’autres passent des années en tôle, ils sont relaxés. Ils sont heureux, à peine s’ils ne demandent pas des excuses pour avoir bouffé de la soupe… Ils demandent des excuses à leurs enfants.
Excusez-moi de vous resservir le même menu d’il y a quelques ans. Je ne pensais pas que ça allait empirer.
16 mai 2011
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