Ce jour-là, il trouva la porte de l’entreprise fermée et la bouche de ses enfants ouverte. Il vendit alors les meubles qu’il avait achetés par facilité à la coopérative. Puis les bijoux de sa femme que ses parents lui avaient achetés, afin de remplacer les études qu’ils lui avaient refusées. Puis il brada son âme qui ne valait pas une semelle. Puis il attendit et rien ne vint frapper à sa porte.
Alors, il se retourna vers ses amis qui le vendirent contre un rictus d’excuses. Alors il se donna le luxe d’être indigné, puis constata que c’était vraiment du chiki. Alors, il écrivit des lettres ouvertes pour les journaux fermés sur leurs nombrils. Puis il attendit. Alors, il signa des pétitions à défaut de chèques. Puis marcha dans les rues avec les autres pour revendiquer, puis tout seul pour oublier. Puis il pleura. Mais cela ne changea rien à la couleur du ciel. Puis il s’assit au seuil de sa maison en retard de paiement de loyer. Et il repensa. Que faire quand que faire est brûlé?
Alors, il installa une table pour vendre au détail des cigarettes qu’il a finies par fumer. Alors, il songea au Sud. Mais le grand Sud était pour les étrangers. Puis il pensa mettre fin à ses jours, mais cela ne mettait pas fin à sa misère.
Alors, il alluma une bougie dans le mausolée de Sidi Boumediene à l’occasion de Tlemcen capitale de la culture islamique, et il brûla son extrait de naissance il fut embarqué par le service d’ordre qui veillait au lifting de cette goubba où on est priés de prier en silence. Il avait beau leur expliquer que le feu brûle en silence, lui aussi, il ne trouva pas oreilles à ses plaintes. Alors on le débarqua dans la place principale de la ville pour assister au défilé de chars qui devait annoncer l’inauguration de cette immense zerda où le peuple mâche son amertume.
12 mai 2011
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