C’est un récit à la fois poignant, douloureux mais tellement révélateur. Il raconte avec humilité, le dévouement, l’esprit de sacrifice, le courage de ceux qui ont juré d’arracher le pays des diktats d’un abominable colonialisme.
PUBLIE LE : 19-04-2011 | 18:00
C’est un récit à la fois poignant, douloureux mais tellement révélateur. Il raconte avec humilité, le dévouement, l’esprit de sacrifice,
le courage de ceux qui ont juré d’arracher le pays des diktats d’un abominable colonialisme.
L’auteur de « L’affaire Hamdani Adda, brûlé vif par l’OAS », (édition ENAG, 2009), Amar Belkhodja, restitue la vie militante et exaltante de Hamdani Adda, maquisard de l’ALN, assassiné traîtreusement en compagnie de ses co-détenus, par les sicaires de l’OAS , le 12 janvier 1962, à quelques mois du cessez-le-feu.
Le martyr, un natif de Tiaret, a intégré le réseau FLN urbain en 1956 et a rejoint le maquis en 1957. Il monta en grade en tant que chef de région de 1957 à 1959.
Arrêté le 4 décembre 1959 par la soldatesque coloniale, alors qu’il se trouvait dans une grotte souterraine dans la région de Oued Lili, après un affrontement armé contre des soldats français en patrouille.
La prise est de taille, se complaisaient à penser les militaires français. Hamdani Adda est un responsable qui planifia des attentats à la grenade, aux bombes piégées.
On tenta de négocier sa reddition. Pierre Rocolle, un colonel de l’armée, chef du 31ème GCP, signa un document dans lequel il engagea sa parole d’officier.
Hamdani Adda est un prisonnier de guerre ainsi que ses compagnons d’armes. Ce fut une promesse vaine. Deux moudjahidine sont identifiés et abattus immédiatement. Le cycle honteux et indigne se profila à la vitesse de l’éclair. Le parjure, une spécialité coloniale se fortifia car le pouvoir colonial désavoua le colonel, lui reprochant de manière véhémente, d’avoir paraphé un document dédaigné insidieusement. Hamdani Adda n’avait jamais été confronté au colonel Rocolle et pour cause. Le maquisard fut condamné à la peine capitale par une « justice » aux ordres.
Les procès se succédèrent, le fameux billet réclamé par les avocats de Hamdani Adda fut dissimulé et on ne pourra plus en déceler la trace. La machination avança comme une phalange grecque. Imperturbable d’ignominie.
Les parents du détenu ont pris le soin de faire copie de la pièce et la confièrent aux avocats chargés de la défense de Hamdani Adda. Ce sont maîtres Vergès, Mourad Oussedik et Abdessamad Bouabdallah qui tentèrent de soustraire le moudjahed d’un trépas inéluctable.
Ils dénoncèrent la vindicte juridique, orchestrée sciemment pour le liquider.
Ils publièrent un petit document pour alerter l’opinion publique sur un crime annoncé. Hamdani Adda tomba malencontreusement de Charybde en Scylla. Après le putsch des généraux, du 23 avril 1961, l’OAS qui en est le bras armé, se chargea de tuer froidement Hamdani Adda en le brûlant vif ainsi que quatre de ses codétenus, après l’avoir enlevé de la prison d’Oran. C’est ce que reconnut Edmond Jouhaud, général factieux, au cours de son procès.
L’affaire Hamdani Adda, prit des proportions insoupçonnées. Le reniement de l’officier français fut une occasion de livrer une bataille juridique avec hargne qui servit d’argumentaire imparable pour clouer au pilori, une certaine conception de la justice coloniale, aux antipodes des valeurs de respect des droits de la personne humaine, perfide et tortueuse à l’égard des « indigènes ». La messe est dite. Il ne saurait y avoir de clémence pour les Algériens coupables de vouloir se battre pour leur dignité bafouée, leur liberté asservie. C’est le message qu’a voulu transmettre Amar Belkhodja en évoquant ce destin à la fois tragique et héroïque de Hamdani Adda.
Il publia d’abord ce livre à compte d’auteur, avant d’être réedité par l’ENAG. Amar Belkhodja adopte un style simple et clair, pour dire la barbarie coloniale. Il fit œuvre de chercheur à la fois passionné et méticuleux pour être au service de la vérité. Il ne succomba pas aux pièges de la grandiloquence. Son travail lui coûta trois années d’investigations.
Pourquoi, Amar Belkhodja, a-t-il pris la gageure de partir à la recherche de Hamdani Adda ? La réponse coule de source. L’auteur est viscéralement sensible au drame.
Il en a fait un thème de prédilection. Il n’a jamais oublié le sort tragique d’Ali Maachi, et d’Ali El Hammami, victimes expiatoires d’un acharnement sauvage qui s’abreuve et se repaît de racisme, de discrimination, d’exploitation éhontée.
Il dénonce la justice française qui se rabaissa dans l’indignité et le déshonneur.
L’auteur ne se contente pas de fustiger, d’accuser et de pourfendre. Il estime que les hauts faits d’arme, la loyauté et le sacrifice ont besoin d’être portés à la connaissance des jeunes générations afin qu’elles s’imprègnent des vertus du courage et de l’amour de la patrie.
C’est pour cela qu’il juge opportun de porter à l’écran, le combat de Hamdani Adda, mort pour l’indépendance de l’Algérie.
Amar Belkhodja est un ancien journaliste au quotidien El Moudjahid, qui s’est spécialisé dans la recherche historique. Il publia de nombreux articles de journaux et des ouvrages relatifs à l’histoire de notre pays.
Mohamed Bouraïb
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20 avril 2011
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