L’Algérie appartient à tous ses enfants, des plus petits jusqu’à ses aînés.
Elle est la mère nourricière de tous ses fils sans exception. Elle n’est pas une propriété privée de quelques-uns qui se supposent être investis d’une mission de la défendre beaucoup plus que d’autres. Chaque Algérien aime son pays à sa façon. Il le défend à sa manière, comme il le voit, comme il l’entend. L’essentiel est qu’il ne le trahirait pas quelles que soient les circonstances et les évènements.
Il y a ceux qui expriment bruyamment leur amour au pays en l’annonçant sur tous les toits du pays. D’autres le font discrètement tous les jours que Dieu en fait. On ne peut pas dire que les uns adorent leur pays abondamment plus que les autres. Il n’existe pas un étalon spécial pour le mesurer. La référence suprême de cet amour étant le sacrifice des martyrs qui ont donné leur vie à ce pays.
De plus, l’amour du pays n’est pas l’apanage de certains qui se croient disposer d’un chèque à blanc, de prôner une révélation unilatérale pour prétendre parler à la place des autres, voire usurper la parole aux autres. L’amour du pays n’est en aucune manière une marque déposée d’une certaine frange qui se prétend dépositaire d’un quelconque label.
C’est cette forme de discours qui a commis des dégâts incommensurables au pays en lui faisant gâcher d’immenses opportunités. Elle a fait fuir du pays des centaines de milliers de capacités indéniables par les cieux ou par la nage et a fait taire et mis sur la touche des compétences incontestables pour son développement et son avenir.
L’amour du pays doit être prouvé à chaque moment, à chaque instant. Même si l’on vit très loin de ses terres, on doit le sentir intensément. Il est comme la foi. Il est intérieur, caché au plus profond de soi-même.
Il pourrait être hypocrite lorsque la langue l’exprime de manière différente, contradictoire de ce que pense le cœur. La langue et le cœur ne doivent pas être en opposition de phase comme le sont certains dès qu’ils descendent de leurs nuages ou dès qu’ils sont écartés de leurs fonctions. Le degré de l’amour du pays ne doit pas, non plus, être en fonction du poste occupé ni des conditions confortables du moment. Il doit être uniforme, une constante de l’âge de la conscience jusqu’au trépas.
A chaque fois qu’un citoyen lambda ose apporter son point de vue sur un sujet particulier, il est mis inévitablement à l’index s’il ne rentre pas dans un certain ordre établi ou calculé. Il est traité de tous les noms, voire accusé d’une certaine façon de réfléchir qui n’entre pas dans les plans de certains qui ne veulent absolument que le pays s’émancipe pour grandir un peu, devenir adulte et qui n’a point besoin de tutorat pour émettre son avis. Si tu n’es pas avec moi, tu es automatiquement contre moi est la devise prêchée des présumés donneurs de leçons.
A travers de tels propos d’un autre temps révolu, l’objectif recherché n’est pas de lancer un certain débat serein dans la société mais de le brusquer, de vouloir le clore définitivement et mis irréparablement aux calendes grecques. L’espace pour respirer doit se refermer au plus vite, la bouffée d’oxygène doit être coupée rapidement avant que le vent souffle sur tout ce qui est immobile et qui se stagne, soutenu par des forces inertes. Le pauvre petit lambda doit étouffer dans sa coquille pour ainsi dire jusqu’à exploser de la marmite qu’on croyait toujours concomitante.
Dans notre pays, lorsque quelqu’un met le doigt sur un problème minant un secteur donné, tout de suite on interprète quelque part au dessus qu’il s’agit d’une peau de banane dirigée contre le premier responsable du secteur. Qu’il est diligenté par une partie de l’ombre qui veut le déloger de son siège, l’éjecter dans les profondeurs, le faire oublier à jamais. Une sorte de cabinet noir qui mijote dans le secret en projetant lui jeter un sort sur son ascension qu’il concevait fulgurante. Certes, des coups bas de ce genre sont légions chez nous mais sans les innombrables erreurs, boulettes de gestion et l’incompétence du responsable, rares seraient tirées les percussions dans sa direction.
Les bévues commises ne soient limitées que si l’on associait aux projets les réels partenaires, les valables interlocuteurs ou pourquoi pas le relier au large public lorsque cela s’avèrerait nécessaire. On ne risque pas de déraper lorsque la question a fait l’objet d’un large, profond et utile débat, d’amples discussions avec les concernés. Les risques ne seraient dans ce cas que minimisés. Chaque appréciation compte et mérite d’être écoutée avec la plus grande intention et admise en extrême importance.
A titre d’exemple qui domine l’actualité dans le milieu universitaire, on voit comment nos étudiants ont déjà perdu plus d’un mois d’enseignements par l’absence d’un dialogue non anticipé à temps avec les vis-à-vis.
Si outre-mer dans les pays dits développés et en moment cela commence en Égypte et en Tunisie, lorsqu’un problème survient, il est vite cerné, étudié, analysé avec rigueur, épluché de tous les côtés, décortiqué sous tous les angles, soumis à toutes les contradictions. Un sujet particulier est malaxé à toutes les sauces afin de faire ressortir l’essentiel.
D’abord disséqué au sein des médias en invitant à débattre tous les intervenants. Tout le monde sait que beaucoup d’entre-nous sont branchés sur les télés d’ailleurs, TF1, France 2, France 3, France 5, la toute nouvelle chaîne info France 24 ou celle de la désormais incontournable Aljazeera.
Faute d’un débat clos depuis longtemps, les émissions telles que «C’est dans l’air», «Mots croisés», «Ce soir ou jamais», «Direction opposée», etc. sont suivies assidûment par un public averti avec une attention parfois très poussée et passionnée. Elles permettent de fantasmer un petit peu et d’aspirer à ce que nous vivions cela réellement, pourquoi pas de la même façon. Les citoyens désormais plus que câblés connaissent tout sur le bout des doigts les journalistes et les hommes politiques au-delà de la méditerranée et du côté du petit émirat et ignorent presque tout de leur personnel local mis à part quelques mimes de temps à autres dans les journaux télévisés locaux.
C’est un rêve qui tarde à se concrétiser. Il devient beaucoup plus virtuel que palpable. L’intermède vécu en football avec l’équipe nationale nous a quelque peu dévié du nord mais tout de suite après, les yeux se sont à nouveau braqués vers les mers. A la longue, cela représente un grand risque pour le pays où les influences sont grandes avec la mondialisation et le monde devenu un grand village médiatique relayé par les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter sur Internet qui font fureur actuellement en provoquant des révolutions inimaginables dans des pays considérés jusque-là comme invulnérables à tout changement.
Souhaitons que la décision d’ouverture des médias lourds annoncée mais différée ne soit point qu’une illusion de plus. Alors soyons pragmatiques et retenons les leçons de nos voisins pour ne rien regretter dans un futur qui peut s’avérer tout proche. Il vaudrait mieux anticiper soi-même une révolution de palais que d’être secoué de toutes parts de et ballottés de tous les côtés.
18 avril 2011
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