Laurent Gbagbo a été capturé lundi après-midi. Ses pro ches accusent l’armée française de lui avoir mis les menottes alors qu’il téléphonait à LCI pour dénoncer la présence des uniformes de la « Licorne » sous ses balcons.
La France officielle se dit choquée, outrée par ces assertions et dément formellement sa présence sous le ciel ivoirien. A peine si elle n’accuse pas le Palais de Gbagbo du coup de l’éventail. Selon la version soft du Taggarin français, les forces spéciales tricolores n’étaient que de passage à Abidjan et leur flânerie, la fleur au fusil d’assaut, les avaient ramenées, par inadvertance, et en dehors de leur propre volonté, du côté du palais résidentiel. A propos de la présence d’une trentaine de blindés chantant la marseillaise et se dirigeant vers la résidence de Gbagbo, le ministre de la Défense rira fort. En fait, il ne s’agit que d’un convoi nuptial d’un sergent de la force Licorne qui a pris comme épouse la sœur du cuisinier du palais présidentiel. Quant à l’hélicoptère qui survolait en permanence la terrasse résidentielle, il n’était là, selon la version de l’UMP, que pour empêcher les pigeons de saloper le linge présidentiel qui y était étendu. Les partisans de Gbagbo doutent de la version française et affirment que leur président a été livré poings et pieds liés aux hommes de Ouattara. Les partisans de la rose doutent également du scénario. La logique aussi. La nouvelle diplomatie française à la hussarde, prônée par le demi-Napoléon, veut ainsi rattraper les dernières bourdes estampillées MAM qui avait achevé le travail de sape de Kouchner, le médecin «m’as-tu vu trimballer des sacs de riz sur mes épaules». Plus qu’un détail, l’importance de la nationalité de celui qui a passé les bracelets à Gbagbo est primordiale puisqu’elle engage son passeport sur la responsabilité morale de la France. Une France, qui se trouve en terre du cacao, n’est là que par procuration de l’ONU, avec la seule mission de protéger les civils, blancs et européens, en premier et d’interdire tout usage des armes lourdes. Maintenant, si Paris a ordonné à ses soldats d’arrêter Gbagbo c’est qu’elle a outrepassé les clauses de son mandat et selon les analyses de ceux qui réfléchissent, la présidence de Ouattara serait du coup suspendue à de nombreux points d’interrogation. De là à le qualifier de président placé par les Français, il n’y a qu’un pas que beaucoup ont déjà franchi. Cette parenthèse ivoirienne illustre magnifiquement la déliquescence de la diplomatie française empêtrée dans le désert libyen, accusée devant un tribunal annabi et malmenée un peu partout dans le monde.
17 avril 2011
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