RSS

Le cinéma algérien passe du muet au parlant ! par Kamel Daoud

17 avril 2011

Contributions

C’était donc l’évènement. Pas le discours mais la rumeur sur le discours. En Algérie, depuis la mort de Boumediene, les Algériens ont bonne mémoire de ces après-midi de flou qui précèdent le discours du Dey, qui paralysent les rédactions des journaux, qui suspendent le peuple à des lèvres qui ne sont pas les siennes et qui transforment le pays en un auditoire. A midi, Alger a appris que Bouteflika allait parler, à 14 heures, quatre versions circulaient déjà dans les têtes. Un, il va démissionner.

Deux, il va annoncer des réformes qui ne commencent pas par lui. Trois, il va changer de peuple. Quatre, il ne va rien dire en parlant beaucoup. L’essentiel est donc dans l’avant discours et pas dans l’après. C’est pendant ces moments que l’Algérie renoue avec ce moment zéro qui revient en cycle chaque dix ans: un président va parler et cela met à nu le pays entier, la faiblesse de son Etat construit sur des autobiographies et les fameuses luttes de clans entre officiers ottomans et Dey importé. Aujourd’hui, pour les lecteurs de cette chronique, les certitudes sont faites et les Algériens savent ce qu’ils ne savaient pas hier et ne savaient pas depuis dix ou vingt ans. Il faut cependant ne pas oublier: si pendant un jour, on sait ce que veut dire un président algérien, il faut dire que la tradition est de ne rien savoir pendant les dix ans qui séparent le serment et l’au revoir. Un président algérien devient touchant, émouvant, vrai, intéressant et enfin concret quand il annonce sa démission. C’est un moment de communion entre les Algériens et le vide, un instant de participation mystique avec les affaires de l’Etat et la seconde de la vraie élection directe. Peuple de la chute adamique à partir du paradis zéro, les Algériens partagent avec émotion la dégringolade et jugent avec sévérité les ascensions.

Donc Bouteflika a parlé pour dire un discours sur des mots mais la bande annonce aura été meilleure que le film. Pour un instant, nous avons été tous unanimes autour du doute, solidaires dans l’expectative, rassemblés par la spéculation autour du puits d’eau. Qu’a-t-il dit? Qu’importe! Ce sont nous qui avions parlé tous, en même temps et dans le même pays. Le discours est à ajouter à la longue collection nationale des discours de départ, d’arrivée, de retard et d’enterrement. Nos rares moments de paroles dans le vide partagé équitablement. Un bel après-midi nationale où tous nous avons été présidents. Qu’a-t-il dit? Peu importe: on a tout dit avant lui cet après-midi.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

Voir tous les articles de Artisan de l'ombre

S'abonner

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.

Les commentaires sont fermés.

Académie Renée Vivien |
faffoo |
little voice |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | alacroiseedesarts
| Sud
| éditer livre, agent littéra...