Tôt le matin, j’ai vu un individu à l’allure fière, exhibant une chevelure exagérément gominée. Ma curiosité m’a poussé à un panoramique vertical de haut en bas sur le personnage. Ce balayage s’est arrêté sur sa paire de pompes. Des souliers en bon état mais dégueulasses. Un simple coup de chiffon les aurait lustrés. Mais sa tête était trop gominée. L’étanchéité sur ce qui lui servait comme porte-tignasse était telle qu’aucune logique ne pouvait se frayer un chemin.
A propos de chemin, sur ma route, il m’était impossible de marcher en ligne droite. Il me fallait sauter pour éviter une flaque d’eau boueuse ou zigzaguer sur le terrain du combattant qui devait me mener à mon travail. Les voitures, elles, souffraient le martyre pour éviter les crevasses les fosses et les nids-de-poule.
Mais quel rapport avec la gomina et les godasses de mon personnage premier ? C’est tout simplement que sur ce même circuit, une équipe de travailleurs taillaient les arbres leur donnant une allure plus élégante. Une autre équipe, elle, badigeonnait les bordures de trottoirs tant mal que mal. Même ma grand-mère en rirait. Agitation anormale. On travaille même les jours fériés. C’est qu’il doit se préparer quelque chose d’important qui concerne des gens importants qui doivent discuter de sujets importants. Le moment est bien choisi car la plèbe est occupée à mastiquer son chagrin et les infos sur la démocratie du gilet pare-belles.
Tôt le matin, j’ai vu des carrés de pelouse importés de je ne sais quelle blida pour « verdurer » bladi, le temps d’un événement important. J’ai vu et j’aurais aimé pour une fois être aveugle, non-voyant acceptant l’intention et l’attention qui est accordée à ma ville à l’occasion de ce grand évènement Il coûtera ce qu’il coûtera et ma ville goûtera ce qu’elle a toujours goûté C’est vrai que la culture n’a pas de prix. Mais l’inculture coûte trop cher.
17 avril 2011
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