On est heureux. Oui très heureux. Car on devient un pays moderne. Youyouiiii «Jibou tous les keskess et faisons un grand couscous. Zidou chouiya felmouzigua et laissez-moi danser». Elle serre sa ceinture en dessous de sa taille. Des fois que sa sorra ne tombe. Le hzam-garrot transforme ma ronde jara en «huit». Un «huit» qui se déhanche au rythme de gnaoua. C’est la fête dans la cour intérieure de l’immeuble où les voisins et voisines font la chaîne derrière la seule sebbala, pour faire leur provision d’eau. Les jerrycans se transforment en tambourins deuv zdreuv deuv, deuv-tac.
«Rfedna rraya on est ghaya, ya jiraaniii» scandait le chœur des enfants, sans comprendre le pourquoi de cette fichta. «Zidou, zidou, criait haletante ma ronde voisine. Bientôt vous allez pouvoir faire des achats par Internet.» Et le chœur très créatif lui donnait la réplique «l’informattttique, c’est fantttttastique»
- On a tout réglé, c’est tout ce qui nous manquait ! cria la guachoura du haut de son balcon du troisième. Fel marchi, tu choisis ta marchandise, tu la payes au prix fort, et quand tu rentres chez toi, tu t’aperçois que tu as été arnaquée. Alors acheter par Internet, je vous souhaite bien du plaisir. On n’a pas idée quand on est empêtrés dans des problèmes de citirnet, de se brancher sur Internet !
- Ah pour le dénigrement et techrak el foum, vous êtes les premiers. Le progrès vous dérange, toi et ton époux
- Rajli à moi, je ne l’ai pas trouvé fi Internet yal blonda
C’est ce qui ne fallait pas dire. La fête se transforma en guirra, sous les applaudissements des garnements. «Allez allez allez zogha allez »
«Nos défauts et nos infirmités ne sont pas ridicules en eux-mêmes, mais ridicule est l’effort que nous déployons pour les dissimuler» dit ma ronde voisine, après avoir tiré la chasse sur ce qu’elle avait débité auparavant.
14 mars 2011
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