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La preuve par les gardes communaux par Kamel Daoud

13 mars 2011

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A Alger on en parle encore : c’est l’évènement politique le plus  important depuis la fuite de Benali. Il s’agit de la marche et du rassemblement devant l’APN de milliers de gardes communaux la semaine dernière. L’évènement est si lourd de sens qu’il faut y revenir, en attendant que les gardes communaux reviennent à Alger comme ils l’ont

promis après l’ultimatum de 15 jours. Donc des milliers de manifestants à Alger, sans que le ministre de l’Intérieur ose évoquer l’exception de la zone autonome d’Alger, sans que les « riverains » des quartiers crient à l’invasion « Kabyle », sans que des mercenaires jettent des œufs ou brandissent des portraits de Bouteflika, sans que l’ENTV fasse parler des Algérois qui expliquent qu’ils sont « contre » et que « l’Algérie a déjà payé en morts et chaos » et sans arrestations, ni coups de pied ou journalistes pourchassés, ni insultes ni banderoles arrachées, ni accès de la capitale bloqués, ni bus refoulés ni demande d’autorisation exigée. Rien sauf un maigre cordon de policiers et un silence curieux des défenseurs du système et du risque terroriste sur Alger. Des milliers de gardes communaux qui « marchent » à Alger à peine une semaine après la répression dure de toutes les autres marches du CNCD à Alger ou ailleurs. L’exception est donc si énorme qu’elle provoque l’interrogation bouche ouverte jusqu’au numéro de châssis du cerveau. Certains ont déjà conclu que c’est une démonstration de force de « certains à certains » dans la bonne vieille tradition algérienne des clans. D’autres ont expliqué la singularité par la logique de la force : il est plus facile de frapper un Algérien qui a des idées et un pantalon qu’un autre qui a un pantalon et une arme.

Au « pays du bras », cela s’explique : l’histoire algérienne est bâtie sur un respect mutuel entre gens d’armes. Même les émirs repentis du Gia ont fini par saluer le courage d’un officier des services mort il y a quelques années.

L’autre explication est plus sociologique : les gardes communaux ne représentent pas un adversaire pour le régime. Ils ne sont pas candidats à l’alternance ou à la concurrence politique. La plupart sont issus de cette paysannerie dont la passivité a fait le fonds de commerce des idéologiques populistes. Ils ne sont pas alliés de cette classe moyenne en liberté surveillée depuis l’indépendance. On analysera sans fin les profondeurs abyssales de cette exception mais l’essentiel n’est pas là. Il est d’abord dans le démenti inattendu de tout l’argumentaire des seigneurs d’Alger qui ferment cette ville au nom de son statut de capitale. Et il est dans l’avenir : les gardes communaux sont, selon des comptes rendus, soumis à des pressions, menacés et surveillés. Ils annoncent un retour à Alger dans deux semaines, organisent des sit-in devant des wilayas et résistent autant qu’ils peuvent. Conscients que le Régime est prêt à payer ce qu’il faut pour rester au pouvoir, ils exigent : de l’argent, 540 millions de cts en indemnisation, un statut et du respect. L’idée de base est que le Régime a payé des repentis, des chinois, des experts étrangers, des élus assis et donne de l’argent gratuit aux chômeurs. Pourquoi pas eux qui l’ont aidé et défendu à l’époque où il ne contrôlait que le Club des pins ?

A la fin, on s’interroge : et si la révolution algérienne va venir de ce corps longtemps écrasé par le poids des blagues et des hiérarchies ? Et si les gardes réussissent ce que les démocrates ne peuvent plus espérer ? Et si l’histoire algérienne va être faite par cette corporation longtemps confondue avec la corvée ? On se met donc à rêver et là on aboutit à une conclusion immédiate : pour agir, il faut avoir une idée et pas deux, il ne faut pas réfléchir mais agir et, en dernier, il faut placer haut la barre : les gardes communaux demandent 540 millions de cts alors que le CNCD a hésité entre le « Dégage » et la réforme.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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