Edition du Mardi 22 Février 2011
L’Algérie profonde
Les douars
Noir et blanc
Par : Mustapha Mohammedi
Pour un tas de raisons liées aussi bien à une démographie galopante qu’à une extension irréversible, les urbanistes n’ont eu d’autres choix que de pousser Oran vers son arrière-pays.
Coincée au nord par la mer, à l’ouest par la montagne, la ville a donc été contrainte de rogner de plus en plus sur la campagne, au point que c’est la campagne qui s’est invitée aujourd’hui en ville. Au lendemain de l’indépendance, les petites éruptions de lieux-dits ou venaient s’entasser une population à peine urbanisée s’appelaient villages. Tout simplement. “Filage sardina”, par exemple, est un appendice de Mers El-Kebir où tous les laissés-pour-compte de la corniche ont trouvé refuge, au moment de l’istiqlal. Et comme ils étaient plus ou moins pêcheurs, le mot “sardina” collait parfaitement à leur bidonville. Les différentes vagues d’exode rural qui se sont échouées aux abords d’Oran ont eu pour première conséquence un changement radical de lexique. Pour se situer et éviter de perdre l’étoile du berger, les nouveaux venus, des paysans pour la plupart, ont commencé par appeler leur périphérie douar. C’est ainsi que la plus grande université d’Afrique du Nord se trouve actuellement… au douar Belgaïd. C’est ainsi aussi que le récent marché de la pièce détachée situé prés de l’antenne régionale de l’ENTV… s’appelle “z’raâ”, c’est-à-dire blé… D’ici que les habitants du douar Belgaïd surnomment le front de mer “douar el haoussa” , le douar des promeneurs, et le siège de la wilaya “douar recibouate” , le douar des récépissés, il n’y est pas loin…
M. M.
22 février 2011
M. MOHAMMEDI