Les non-voyants, aveuglés par trop de nuit, décident de communiquer par le geste. Et le premier signe qu’ils apprennent est «le bras d’honneur» qu’ils adressent aux gestionnaires de la lumière, ceux-là qui ont accaparé tous les rayons d’espoir. Les malentendants, assourdis par trop de silence forcé, adoptent le braille. Depuis, on braille tous en choeur.
Les culs-de-jatte sont forcés de s’aligner au départ d’une course de fond. Comble de l’heure, ils sont soumis à un contrôle antidopage, des fois qu’ils arrivent à pulvériser le record de la bêtise détenu par les organisateurs de la grande mascarade .
A l’école, on apprend comment rire jaune et pleurer dans toutes les langues. C’est la rue qui enseigne à l’enfant l’alphabet de la débrouille. Aux meilleurs élèves, il est offert des bourses… à vendre dans les marchés où s’étalent les grosses légumes qui nous représentent.
L’amour du bled devient la marque déposée d’une certaine frange qui décide de représenter la majorité. Et quand tu leur indiques la direction de la lumière, ils regardent ton doigt. «Tu n’es pas avec moi, tu es donc contre moi». Sabhane Allah ! Ils se sont réveillés avec un chèque en blanc entre les doigts et prônent la révélation suprême qui les autorise à parler à la place des autres. Ils se disent dépositaires de la «démocration» qu’ils ont découverte à leur réveil.
- Maman, c’est quoi la misère ?
- C’est une plante, mon fils. Elle pousse dans les terres où l’illettrisme est entretenu par le terreau de l’incapacité.
- Maman, pourquoi tu as choisi de me mettre au monde ici ?
-Parce que c’était le plus beau pays, mon fils, et c’est grâce à toi qu’il le redeviendra.
21 février 2011
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