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NOUVELLE «Pourquoi me fais-tu saigner le coeur…» Selma KHATHOTHI (*)

21 janvier 2011

1.LECTURE

NOUVELLE «Pourquoi me fais-tu saigner le coeur...» Selma KHATHOTHI (*) dans 1.LECTURE logodzprNOUVELLE
«Pourquoi me fais-tu saigner le coeur…»

Selma KHATHOTHI (*)
  - Mercredi 19 Janvier 2011 – Page : 19

Il s’est allongé par terre et regarda le ciel, dès qu’il repéra ces trois étoiles alignées, il ferma les yeux et voyagea dans son monde de souvenirs. Autrefois, sa femme était là, elle partageait le même vent du Sud, les mêmes rayons de soleil et les mêmes grains de sable avec lui, mais maintenant, elle n’est qu’un souvenir qu’Akal garde comme un précieux bijou. Akal était un jeune veuf dans la vingtaine, il vivait avec son fils dans une tente blanche qu’il a dressée près du fleuve Tin Tarabine,

un grand fleuve qui relie les hauteurs des montagnes aux dunes des sables, il orne la beauté d’un paysage fascinant et…gigantesque, c’est le Hoggar où la nature défie l’homme. Ici, le gigantisme des formes rivalisent avec celui des étendues, la vue peut être à la fois puissante et émouvante, c’est l’endroit où son père et son grand-père ont habité. Ce fleuve a déjà abrité des centaines de familles et de nomades le long de ses rives, mais maintenant il ne compte que quelques tentes. Il était un lieu de fête pour les femmes, elles se rassemblaient là chaque semaine, pour laver leur linge et le linge de leurs maris et enfants. Akal se rappelle toujours de leurs rires et discussions, des bruits qu’elles font quand elles frottent les vêtements contre les pierres érodées par l’eau…en fait, sa femme était parmi elles.
«Pourquoi me fais-tu saigner le coeur, tendre Hoggar»
Chaque empan cache le souvenir d’une âme, d’une joie ou d’un malheur, l’âme humaine ne part jamais en vain, elle laisse toujours des traces, chaque coin apporte à Akal un souvenir d’un Isebeten immigré. «Ils sont tous partis, l’un après l’autre, ils croient qu’ils courent après leur peur, mais en fait, ils courent vers elle». Akal ne cesse de prodiguer sa sagesse à son fils Amenar, il est devenu, depuis la perte de son épouse, son meilleur ami, il lui raconte des contes imaginaires et des histoires véridiques de sa propre vie et ses voyages, peu importe s’il fait la différence, le plus important pour lui, est que son fils reste attaché à l’endroit où ces ancêtres ont vécu pendant longtemps.
Ils étaient les derniers des Isebeten, disparus l’un après l’autre, fuyant la terreur romaine, pour eux, il n’était pas question de se soumettre au pouvoir et convictions de l’empereur, partir était la solution Akal comprenait leur peur et leur désir de survivre et de protéger leurs femmes et enfants, mais pour lui, il n’y avait pas de raison à partir, il ne peut pas fuir ce pays qui va continuer à orner ces roches avec les gravures et les peintures qui archivent toutes les histoires de ces ancêtres. Cette route de chars tracée sur une roche d’une grotte lui a toujours servi, dans ces voyages pour trouver les mares, les puisards et les oueds, il l’a déjà appris à son fils en espérant qu’un jour il l’utilisera, quand il deviendra un homme et aura sa propre famille, sa propre tente et sa propre monture.
Akal a hérité le métier de commerçant de ses ancêtres, mais cela fait des années que les deniers commerçants sont passés par là, maintenant, il gère sa petite vie tranquillement, il trouve tout ce dont il a besoin pour survivre, il a ses propres animaux et une petite végétation sur le bord du fleuve.
«Tout ce que la nature apporte est le remède de l’âme et du corps»
Sa tribu était, jadis, nomade traverser le désert était une aventure périlleuse, pourtant le climat n’était pas trop aride, ils ont découvert des plaines, des vallées, et des oasis, ils ont croisé des cultures, des nomades, des commerçants et des pillards, ils ont perdu des hommes et gagné des fortunes.
«Quoi que fasse l’oiseau qui vole dans le ciel, sa dépouille revient au sol.» Akal dit à son fils en lui racontant une de ses aventures de nomade, que même s’il s’éloigne, il n’ira pas très loin, là où il part le Hoggar l’entoure, il le contourne chaque jour, contemple ses grandes montagnes et se faufile dans ces canyons. Cherchant le paysage le plus séduisant…Un creuset d’eau reflétant les couleurs des montagnes entre le rose du granit et le noir violacé de la roche volcanique, un jeu de lumière qui projette sur le fleuve de Tin Tarabine au coucher de soleil, des colonnes de basalt dressées vers le ciel comme des orgues, une acacia qui jalonne l’oued…
«Surprends moi…Ahaggar», au fond de lui, il sait qu’il sera surpris chaque jour, chaque coin du Hoggar l’emmène dans une nouvelle féerie où il ne peut être autre chose que séduit.
Dans les matinées les plus belles, Akal et son fils montent quelques mètres de la montagne, s’assoient sur une peau de chèvre, et prennent leur repas frugal: la bouillie de farine mélangée au lait, tout en regardant le soleil s’élevant sur les montagnes, leurs regards embrassent une vue spectaculaire qui déploie l’étendue des montagnes et des volcans pétrifiés à perte de vue.
Amenar, malgré son jeune âge, profite des sagesses et des méditations de son père, il est né dans une ambiance maigre, son peuple avait l’habitude de célébrer la naissance d’un bébé pendant trois jours, mais ils n’étaient pas là quand sa mère l’a mis au monde…
La mine triste, Akal regarda son fils comme pour la dernière fois, il monta ici, non seulement pour voir le beau lever de soleil, mais aussi, il avait un espoir qu’une caravane passerait par là, des revenants Isebeten perdus dans le désert ou emmenés par la nostalgie, ou même des nouvelles, mais hélas….
Ce jour-là était différent, la veille, Akal consulta le ciel, les trois étoiles étaient alignées l’une après l’autre comme une chaîne de diamants, elles étaient là comme tous les jours, mais difficile de les voir, la vue n’était pas claire, pourtant il faisait beau temps, un doux vent de sable soufflait la nuit, et s’estompa le matin, et une caravane de quelques chevaux, apparaît, contourne pendant quelques heures l’endroit pour le découvrir, et puis s’installe dans l’oasis Abalessa, une grande oasis fraîche et fertile, idéal refuge pour les nomades. Cette caravane n’est pas qu’une simple caravane, guidée par une femme d’une intelligence et autorité remarquables, le rêve d’Akal était finalement exaucé, la vie prospérera encore une fois, dans le Hoggar, les habitants, à l’instar d’Akal diffusent la rumeur de cette femme dirigeante.
«Irrésistiblement belle, grande, au teint clair et aux yeux larges et ardents, son charme évoque à la fois, la beauté et l’autorité»
La nouvelle reine accueillie dans la joie est la bienvenue parmi ce peuple. Son nouveau nom était Tin Hinan ou celle qui vient de loin, origine et ancêtre du peuple touareg. «Si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens», Akal mémorise chaque sagesse targuie, il vieillit dans le Hoggar, entre ses petits-fils, son fils unique, jadis son seul compagnon grandi et épanoui dans le Hoggar. Il continue à son tour à graver les pierres dans l’espoir d’ancrer son existence dans l’histoire.

(*) Nouvelliste

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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