Kadirou, le père de famille, d’habitude droit dans ses bottes et tellement adulte, a changé. Ses enfants et toute sa petite famille ne comprennent désormais plus rien à cet enfantillage qui ne dit pas son nom. Kadirou a fait une régression de mille bornes.
Il prétexte toujours vouloir prendre en sortie les enfants au manège, mais c’est lui qui en profite le plus. Le bateau fou, il l’aime comme pas possible ainsi que la grande roue et ses vertiges. En emmenant les enfants jouer au ballon, c’est lui qui veut tirer et les autres, c’est-à-dire ses enfants, camper le rôle du goal et il tire de toutes ses forces. La bicyclette il en est devenu un grand amateur. Alors, on ne comprend plus rien. D’habitude, le retour d’âge est un comportement qui va à la recherche du temps perdu, vouloir dans un coup de folie refaire sa vie, mais avec Kadirou c’est autre chose. Et cette autre chose c’est le jeu. Comme un enfant, il veut jouer, regarder les dessins animés
En somme un gros bébé dans un corps d’adulte. Il est devenu la risée de tout le quartier au grand dam de son épouse qui ne lui trouve aucune explication, ni surtout aucune excuse valable. Lui, il se défend seulement à vouloir accompagner ses enfants dans diverses activités. Mais dans le fait c’est lui que les enfants emmènent jouer. A la plage, c’est la grande kachfa, une bouée autour de la taille, il barbotte dans l’eau comme un fou, il rit, il crie, il essaye de noyer ses enfants. Kadirou est devenu fou disent ses collègues de travail qui le voient tout le temps s’adonner aux jeux électroniques sur le micro, les jeux de course de moto et de combats guerriers. Il est dans l’action. Des fois, le retour n’est pas toujours la régression féconde, mais bien plus simple que ça, une débilité qui refait surface après tant d’années de conformisme. Mais c’est aussi, peut-être, une manière de faire le vide, de vider les frustrations quotidiennes et de dormir, le soir, comme un
bébé.
20 janvier 2011
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