Les Algériens sont formidables. Ils sont capables du meilleur et, bien sûr, comme tous les autres peuples, du pire. Mais parlons aujourd’hui, du meilleur. Et cela peut venir parfois de milieux inattendus, souvent honnis, décriés, insultés, accusés de tous les maux. Il s’agit des commerçants. Après les récentes et malheureuses émeutes qui ont ébranlé le pays, notamment sur la flambée des prix de certains produits de base
comme le sucre et l’huile et après l’initiative des pouvoirs publics de juguler les hausses, un commerçant dans un quartier populaire d’une grande ville du pays, a décidé de partager sa marge bénéficiaire avec ses clients et voisins. Sa marge bénéficiaire sur le sucre étant de 10 DA au kilo, notre commerçant, solidaire avec ses clients issus de couches défavorisées, a décidé de la «partager» avec eux. Un bon matin, il afficha un écriteau sur la vitrine de son magasin : «sucre : 85 DA le kilo ». Et bien entendu, ce n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. A peine avait-il ouvert sa boutique que ses clients de toujours (il a ouvert son magasin au début des années soixante), s’y sont rués. Deux kilos par-ci, trois kilos par-là et, en quelques heures, son stock est parti. Notre commerçant n’a même pas réussi à garder un seul kilo pour sa famille. Il se rattrapera sur le prochain quota. Et comme les bonnes actions font souvent des émules, le marchand de légumes du coin a, lui aussi, décidé de soulager ses clients en leur proposant des légumes et des fruits à des prix très, très abordables. Le lendemain et le surlendemain l’initiative fit tache d’huile et même le prix de l’huile a été baissé, les autres commerçants ayant décidé, eux aussi, de « partager » avec leurs clients leur marge bénéficiaire. Quelques jours plus tard, tous les commerçants de la ville passèrent en « mode baisse » et en trois jours tout le pays renoua avec les prix abordables et avec la… vraie solidarité. Et ce n’est pas un rêve.
17 janvier 2011
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