Dans la proclamation du 1er novembre 1954 on pouvait lire :
« L’HEURE EST GRAVE. Devant cette situation qui risque de devenir irréparable, une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d’elle la majorités des éléments encore sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le mouvement national de l’impasse où l’ont acculé les luttes de personnes et d’influence, pour le lancer aux côtés des frères marocains et tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire.
Nous tenons à cet effet à préciser que nous sommes indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir. Plaçant l’intérêt national au-dessus de toutes les considérations mesquines et erronées de personnes et prestige, conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi et aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique. »
Ce passage de l’Appel du 1er novembre 54, qui allait mener notre pays vers la libération est toujours d’actualité, hormis le fait que le colonialisme d’antan a été remplacé par un colonialisme national d’une autre forme, à la solde de l’ancien colonisateur et du système financier international.
Dans l’Appel pour un compromis politique historique lancé par la coordination du 19 mars 2009, deux passages importants retiennent l’attention :
1/ Notre pays va mal. La crise politique de légitimité du pouvoir que traverse notre pays depuis 1962 s’aggrave au fil des ans. La guerre fratricide subie par notre peuple ne semble pas avoir servi de leçon à ce régime illégitime qui poursuit sa fuite en avant malgré la faillite sanglante qu’il a provoqué.
Violence politique, corruption généralisée, clientélisme et népotisme, ces fléaux érigés en moyens de gouvernance gangrènent profondément notre société et empêchent toute évolution. La situation a atteint un état de déstructuration avancée, voire de décomposition. Toutes les institutions mises en place, dont la facticité et la vacuité ne sont plus à démontrer, ne sont en réalité que des façades derrière lesquelles se cache l’oligarchie militaro-financière, noyau du pouvoir et véritable maitresse de la décision politico-économique. Une oligarchie qui a dépossédé le Peuple de sa souveraineté et qui s’est accaparée de toutes ses richesses.
Cette situation ne fait que creuser davantage le fossé entre un régime sans légitimité et un peuple sans souveraineté.
L’horizon est sombre.
Un tsunami populaire risque, à Dieu ne Plaise, d’emporter le pays si le pouvoir persévère dans cette politique suicidaire. A plus forte raison quand on sait que les élites intellectuelles et politiques continuent à se cloîtrer dans ce silence mortifère, à peine rompu par leurs jérémiades politico-idéologiques de pure circonstance.
Devons-nous rester impassibles devant cette tragique détérioration de la situation nationale ?
Devons-nous continuer à nous taire devant cette destruction programmée de notre patrie ?
En tant que citoyen (ne)s libres, il est de notre devoir de nous mobiliser pour réfléchir ensemble et trouver les meilleurs moyens de mettre fin à cette usurpation du pouvoir qui dure depuis près d’un demi-siècle et de rendre la parole aux Algériennes et aux Algériens pour qu’ils puissent choisir librement et souverainement leurs représentants légitimes et leurs institutions.
La génération de l’indépendance, toutes tendances politiques confondues et sans exclusion aucune, doit tendre la main à ce qui reste de la génération sincère et intègre de novembre 54, pour œuvrer ensemble au changement pacifique et radical du système politique obsolète et à l’instauration de l’Etat de Droit dans une Algérie de tous les citoyens et citoyennes. Un changement, devant l’état de délabrement national, est une exigence légitime à laquelle aucune composante politique ou sociale réelle ne peut se dérober.
De grâce, cher(e)s compatriotes, cessons nos querelles et nos tergiversations et faisons place à l’action pour UNE MOBILISATION GÉNÉRALE !
2/ Les principes et valeurs qui regroupent l’écrasante majorité de nos compatriotes sont indiscutablement :
- L’attachement à leur Algérianité dans sa triple dimension (Islamité, berbérité et arabité). En aucun cas, l’un des fondements de notre identité ne sera instrumentalisé ou monopolisé par une quelconque partie à des fins politiciennes, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition.
- Le respect des droits de la personne humaine dans leur intégralité, dans le cadre de nos valeurs civilisationnelles et de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
- Le respect de la démocratie comme moyen de gestion politique de la société avec ses corollaires que sont les élections libres, l’alternance véritable au pouvoir, le respect des libertés individuelles et collectives, le respect du réel pluralisme politique, culturel et confessionnel. Cela sous-entend et c’est une évidence claire, le rejet de toute forme de violence comme moyen d’accéder ou de se maintenir au pouvoir. Tout comme cette violence doit être bannie comme moyen d’expression ou de gestion de la société.
- Le changement du système politique doit être radical et pacifique.
Dans ces cadres, et au nom de ces principes cardinaux d’hier et d’aujourd’hui, nous appelons tous les Algériens sincères, sans exclusion aucune, à œuvrer, sur la base d’un compromis politique, à ce rassemblement au sein d’un Front uni, celui du Changement National.
La jeunesse algérienne est aujourd’hui dans la rue. C’est un vaste mouvement de révolte qui couvre l’ensemble du pays, non pas seulement contre la cherté de la vie, comme tentent de le faire accroire certains relais du régime, mais à cause de l’épouvantable gabegie qui règne dans le pays, à cause de l’injustice triomphante qui meurtrit de larges couches de la population, et des turpitudes systémiques de ces dirigeants qu’une totale impunité, malgré la gravité de leurs forfaitures, a poussé à l’accaparement pur et simple des richesses du pays. Souvent au détriment de la population, voire des générations futures.
Algériens, Algériennes, de toutes tendances politiques, il est urgent que le fleuve de notre révolution authentique retrouve son cours naturel. Nous devons être à la hauteur des évènements qui nous interpellent.
Le moment est venu pour le peuple algérien de recouvrer sa souveraineté sur son propre pays.
Le moment est venu pour l’avènement d’un Etat de Droit dans son sens plein et entier.
Unissons-nous! Imposons notre volonté à un régime aux abois, un régime accroché à ses privilèges, et qui n’hésitera pas à faire couler, encore une fois, le sang des Algériens, si nous ne lui faisons pas rempart d’une indéfectible unité.
Algériens, Algériennes, œuvrons ensemble à cette dynamique populaire du Changement National!
P/Coordination de l’Appel du 19 mars 2009
Docteur Salah Eddine SIDHOUM
14 janvier 2011
Contributions