Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Ce qui restera
Que restera-t-il comme images violentes et comme changements dans les comportements après cet épisode d’une histoire qui aurait pu s’écrire autrement qu’à l’encre de la haine? D’un côté l’image d’un Etat contraint de revenir sur ses décisions malgré ses moyens financiers, ses institutions, ses cadres, sa force.
De l’autre, une colère juvénile qui a pris la forme d’un affrontement quitte à tout détruire. D’un côté, un déficit de communication qui n’a d’égal que l’incompétence à traduire la politique gouvernementale pour la rendre perceptible par tous. De l’autre, un avenir incertain au point où la fuite du pays demeure la seule solution. D’un côté l’appel à la main d’œuvre étrangère y compris pour des métiers de peu de qualification. De l’autre le chômage qui mène au désespoir, à l’immolation. La solution d’équilibre? L’émeute et la destruction intériorisée comme seuls moyens de se faire entendre d’un côté, la matraque et la bombe lacrymogène de l’autre. La suite? Une suite d’émeutes et de destructions, alternées par des coups de matraques et des tirs de gaz lacrymogènes comme seule piste de dissuasion. La seule nouveauté c’est que la situation a touché cette fois tout le pays. Entre la hausse précipitée des prix, suivie de dispositions tardives de leur baisse, une fois le mal fait comment évaluer la capacité de l’Etat à prévoir les évènements ? Et à gérer la suite de ce qui s’est passé en toute sérénité? En changeant de méthodes même si l’on considère que les mêmes hommes restent à leurs postes par difficulté à les changer. Par un autre rapport de force dont on connaît très peu les multiples facettes. Que restera-t-il comme images? Un Etat fragile quand l’heure de vérité arrive et qu’au lieu de devancer les catastrophes, il s’installe durablement dans le bricolage pensant qu’il suffit de dépenser de l’argent pour assurer la paix. La réponse est à présent dans la rue pour remettre en cause, les décisions prises avec l’appui de représentants mous et absents de la vie publique. Et si la baisse annoncée des prix ne suit pas les dispositions faut-il inventer autre chose, une fois les délais annoncés viennent à échéance ? Les images d’une révolte seront quant à elles toujours présentes.
12 janvier 2011
Contributions