Ce ne sont pas des Supermen. Juste des Sugarmen qui ont montré un peu trop bruyamment leur colère devant la hausse démentielle du sucre nécessaire pour le « noss-noss » de 10 heures juste après le réveil, et l’huile pour les frites du casse-croûte de midi. Juste pour ça, les jeunes de chez nous ont montré les dents, pour ceux qui en ont, et qui mangent de temps à autres de la viande, mais pas celle d’âne.
Pour ceux qui n’ont pas de dents, faut aller les chercher dans les poubelles urbaines où ils jettent leurs mégots à la drôle d’odeur. C’est, en réalité, du kif-kif, avec ou sans dents, les Algériens n’ont pas assez de moyens pour s’acheter ce qu’ils veulent : un bon morceau de steak à frire lentement, assez de sucre pour faire de la confiture car, par les temps qui courent, « moins on en a, plus on étale », n’est-ce pas ? Et puis, la colère de la rue a donné des résultats tout à fait bizarres. Le gouvernement, qui ne s’est pas caché pour baisser la tête pour éviter les projectiles de la « protesta », a décidé de revenir sur pas mal de décisions que ses membres ont prises. Comme par exemple de mettre en place de nouvelles « mesures » pour ramener les prix de l’huile et du sucre à portée de bourse de la ménagère. C’est bien, c’est même très bien cette bienveillance, mansuétude même, de la houkouma qui pense enfin aux besoins, à la douleur quotidienne des bas salaires, des pauvres et des « zaoualya » réunis. Mais, ces mesures, hélas, sont conjoncturelles, elles ne vivront qu’un temps, celui d’apaiser les esprits, de grappiller, quelle époque !, quelques mois de paix sociale, avant de redonner à la réalité toute son épaisseur et sa cruauté sociale. Car d’ici août, tout le monde va acheter pas cher, comme les grossistes et autres détaillants vont faire du bizness sans factures, ni déclaration d’impôts. Un pays de Cocagne, quoi ! pour ces commerçants qui se beurrent à tous les coups. Pour autant, cela ne concerne que le sucre et l’huile, les autres produits, comme le café, les légumes secs, le thé, les produits agricoles frais ne sont pas concernés par ces mesures gouvernementales conjoncturelles. Pourquoi ces deux produits et pas tous les produits importés ? Pourquoi ces mesures n’ont-elles pas été étendues ou élargies aux autres produits du couffin de la ménagère comme le café, la loubia ou le aadess ! Et puis, ne faudrait-il pas se poser cette encombrante question de savoir pourquoi le gouvernement, dès que les jeunes sortent dans la rue, se met à envisager des solutions à des problèmes qu’il a bien souvent créés lui-même en refusant, à travers ses ministres et hauts cadres, de voir les choses telles qu’elles sont ? Par exemple, en allant au-devant des jeunes pour discuter de leurs besoins à défaut de satisfaire tout le monde, sachant que les visas, ce sont les chancelleries qui les donnent. A défaut de donner des visas pour laisser la marmite sociale souffler, il faudrait donc faire en sorte, et pour être Class !, que les prix de l’huile et du sucre remaniés éclaboussent aussi la tomate, la pomme de terre et surtout le khobz ! Sinon, ces mesures prises sous la pression de la rue auront un effet boomerang en août prochain.
11 janvier 2011
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