Le Carrefour D’algérie
date();Dimanche 9 Janvier 2011
Pole&mic
Par B. Nadir
Faillite d’un système
En Octobre 1988, le pouvoir a été pris de vitesse et en trouvant pas mieux que de justifier leur «violence» en évoquant la manipulation étrangère. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur a parlé de l’ouverture d’une enquête pour, semble-t-il, démasquer ceux qui seraient derrière cette anarchie et cette violence.
Visiblement, le pouvoir ne semble pas comprendre la réaction des jeunes émeutiers bien que cette violence est condamnée par l’ensemble de la société civile. Mais ce qu’il faut se dire, pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation et pourquoi les jeunes ne s’expriment que par la violence? Pour cela, il faut reconnaître que les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas comme leurs aînés de 1988, les jeunes d’octobre étaient, quand même, sages et encadrés par les différentes organisations de masse. Les jeunes d’Octobre 1988 n’étaient pas violents comme ceux d’aujourd’hui. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont jamais connu l’activité partisane, la mobilisation et la revendication pacifique. L’Etat et le pouvoir sont responsables de l’immobilisme politique et il n’y a qu’à suivre notre télévision couvrant les événements politiques pour se rendre compte de l’ampleur du désastre. Les partis de l’Alliance ont discrédité la politique en ne présentant pas des élus locaux à la hauteur des espérances du citoyen. Nos élus locaux ne jouent pas leur rôle de leader dans leurs communes. Politiquement, le citoyen se sent délaissé et n’est sollicité que pour aller voter. La télévision avec ses programmes et couvertures «médiocres», ont contribué au marasme tant politique que social. Au demeurant, depuis trois ans, le pays ne vit que sur des pénuries successives et hausses de prix, le citoyen a perdu la saveur et le goût de la viande rouge, la sardine est devenue hors de portée et le fruit est devenu un luxe. Certains ont la mémoire courte, l’Algérien est stressé depuis son jeune âge car il n’entend parler que de hausse du prix de la semoule, du sucre, du poulet, des denrées alimentaires…, du logement, à longueur d’année…Et surtout de la corruption. La violence des jeunes s’est déjà exprimée par le phénomène de la «Harga» et sur cette question, les structures de l’Etat ont montré leur limite. En plus, le gouvernement ne rassure plus le citoyen sur son avenir et l’opposition ne parle que de désastre. Pas un mot positif capable de redonner l’espoir. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui nous parlait de projets et d’avenir, ne parle plus. Face à cette crise, le salut passe par un changement à tous les niveaux, car le système est réellement en faillite.
9 janvier 2011
Contributions