Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Ouvrez donc vos yeux !
Il n’y a que le gouvernement, certains parlementaires qui retombent toujours sur leurs pieds et les satellites habituels, suçant la mamelle pétrolière, qui se disent satisfaits des résultats de la gestion politique du pays. Le reste, c’est-à-dire la majorité, peuple d’en bas, intellectuels honnêtes, essaie d’entrevoir un quelconque horizon
pouvant la guider dans sa quête de bonheur dans son pays. «Une Algérie riche, des algériens pauvres», titre un grand journal étranger, comme pour dire que les ressources du pays n’ont pas atteint le niveau d’amélioration des conditions de vie requis ou promis. Les discours glorificateurs et autres interprétations de courbes sur mesure ne suffisent plus à maintenir la paix sociale. La cause? Les causes, car elles sont nombreuses et en premier celle de l’immobilisme de certains détenteurs de portefeuilles ministériels qui n’arrivent pas à faire d’une politique une dynamique de progrès. La chance offerte par le prix des hydrocarbures et par une paix revenue après le désespoir, n’ont été que peu exploitées par incompétence ou par manque de croyance en une Algérie qui aurait pu se transformer en paradis sur terre. La disponibilité de l’argent et d’une conjoncture internationale favorable malgré tout, auraient pu nous éviter la précarisation, n’était-ce la corruption et le détournement. Et si certains n’ont pas compris qu’il s’agit de nouvelles générations qui arrivent par masses sur le marché, c’est qu’ils n’ont rien compris ou alors ils font semblant de ne pas comprendre. Cette nouvelle génération a des besoins différents, un comportement différent et ne se sent aucunement impliquée dans le passé? L’Histoire, telle qu’on veut bien la lui enseigner ne les intéresse pas. C’est une génération qui regarde droit devant et si l’on est incapable de lui offrir quelques images semblables à celles qui lui sont transmises via Internet ou les satellites, elle s’énerve. Et en s’énervant, elle casse tout pour attirer l’attention sur ses problèmes aussi bien identitaires que matériels. Qui parmi nos parlementaires ou autres grands commis de l’Etat est descendu dans la rue durant les émeutes, pour discuter avec les jeunes et voir la réalité en face. Les yeux dans les yeux. S’interposer entre jeunes émeutiers et jeunes policiers. Prendre le risque d’aller vers les jets de pierre quitte à se faire blesser et faire ressentir à des jeunes en colère que leurs représentants sont à leurs côtés et non pas cachés dans des hémicycles feutrés à lever la main de plus en plus haut. Aller gagner leur confiance et légitimer leurs mandats grassement payés. Où sont-ils passés ceux-là qui se bousculent pour rencontrer un ministre de passage dans leurs espaces et lui serrer la main pour obtenir un agrément ou quelques avantages alors qu’une campagne électorale pointe déjà? La presse tant décriée a fait son travail. Elle a informé, analysé, condamné, porté la voix des jeunes aux oreilles des sourds. Il suffit maintenant d’ouvrir les yeux et de rester éveillé pour faire une autre lecture des émeutes. Celle d’une demande sociale qui doit être revisitée en dehors de la glorification par les seuls chiffres et des applaudissements à crever les tympans.
9 janvier 2011
Contributions