Ils cherchent à rouler avec la plus belle voiture, mais pour nous, ce qui compte c’est le nombre de personnes que nous accompagnons, en cas d’urgence dans nos voitures. Pendant qu’ils font toutes les boutiques pour trouver la dernière chedda,
la dernière griffa qu’ils mettront pour frimer, nous démarchons toutes les associations pour proposer notre aide. Ce qui compte pour eux, c’est d’avoir un poste important, devenir charika gadra, dans notre société. Pour nous, c’est ce qu’on peut faire de notre travail qui compte. Ils cherchent à représenter notre quartier, pendant que nous cherchons à être les meilleurs avec nos voisins. Ils sont connectés avec tout le monde extérieur, collés qu’ils aiment être à leur écran, pendant que nous parlons avec le voisin de palier qui n’arrive pas à joindre les deux bouts. Ils cherchent à avoir le plus beau mari, la plus belle femme, pendant que nous cherchons à être le meilleur mari ou la meilleure femme. Ils se vantent de leurs propres réussites, pendant que nous félicitons et encourageons les autres. Ils cherchent à avoir les plus grandes maisons, les mieux décorées avec le plus de dalles possibles pendant que nous cherchons à trouver une solution pour ceux qui n’ont pas de toit. Ils se plaignent, pendant que nous remercions, toujours. Il faut qu’ils soient à la mode, il faut qu’on soit cultivés. Ils s’intéressent à la nouvelle star et la mort de Michael Jackson les bouleverse parce qu’il faut qu’ils paraissent à la page. Nous lisons des pages et des pages de livres parce qu’il faut qu’on soit sages. Il faut qu’ils soient beaux, nous voulons être bons. Il faut qu’ils ramassent de l’argent, il faut qu’on amasse des bonnes actions. Ils veulent peser sur l’opinion, nous respectons toutes les opinions, quand la nôtre est respectée. Il faut qu’on se presse, disent-ils. Soyons patients, est notre devise. L’essentiel pour eux est de se faire aimer, pendant que nous cherchons à aimer. Mais va expliquer tout ça…
6 janvier 2011
Contributions