Phénomène mondial à l’instar du terrorisme, les harraga de chez nous, ou d’ailleurs, n’ont pas fini de faire couler beaucoup d’encre. L’auteur Slemnia Ben Daoud, dans un livre de 150 pages, paru aux éditions El-Maârifa, nous écrit les tenants et les aboutissants d’une situation problématique où la mort dans ce contexte macabre devient une fatalité à défier pour un avenir utopique d’un monde meilleur.
La vie humaine si chère aux yeux de chacun se retrouve monnayée pour un environnement habité et habillé uniquement de valeurs factices. Cette vie faite de paillettes, qui ne trompe plus les personnes aguerries, a fait basculer nos jeunes dans une recherche frénétique du matériel ; alimentée d’ailleurs par les inégalités sociales de toutes sortes que nous constatons dans tous les pays développés ou en voie de développement. L’auteur nous fait remémorer un pan de notre histoire où les jeunes de l’époque, forts de leur principe de souveraineté, ont défié la mort pour la noblesse d’un idéal qu’est la liberté d’un pays victime d’une colonisation implantée sans vergogne sur la terre de leurs ancêtres.
Qu’en est-il aujourd’hui ? N’est-il pas aberrant de constater que cette liberté chèrement acquise est aujourd’hui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’enjeu d’une nouvelle forme de colonisation voulue et recherchée par nos jeunes, qui bafouent cette liberté en voulant la placer dans le giron d’une émigration à deux sous auprès de pays européens ? Où est passée cette dignité dont se glorifiaient les hommes de l’époque ? Quel est le chant de cette sirène dont l’appel semble aussi captivant pour faire descendre de leur piédestal machiste des étudiants à la fleur de l’âge, en allant de nouveau laver les immondices de leur ancien colonisateur, non pas pour vivre leurs rêves d’idéal mais pour survivre ? Pourquoi cette désertion du sol de la mère patrie pour aller renflouer le rang du nombre croissant des malheureux en voie d’intégration (formule si chère à la France) ou de refoulement à leurs pays d’origine en lieu et place de la mort dans les eaux d’une mer déchaînée ? Tous les jeunes du monde font face à cette nouvelle plaie qu’est le chômage ou les contraintes parfois insurmontables de la vie, sans vouloir renier leurs racines ou démissionner de leur devoir envers le pays qui les a vu naître. L’auteur décrit aussi bien cette aventure risquée des jeunes sur un bateau de fortune, que les événements qui sont a priori le déclencheur de ce nouveau mode de revendication. Une recherche titanesque pour des sociologues et un livre à lire absolument !
Aksouh Fatma-Zohra, auteure
- Harraga «S», ces éternels incompris de Slemnia Ben Daoud, Editions El-Maârifa 143 pages
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/01/02/article.php?sid=110742&cid=16
2 janvier 2011
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