par El-Houari Dilmi
C’est l’histoire racontée les lèvres cousues de fil blanc, celle de Margarine, un homme qui fit tout son beurre en sectionnant tous les pis de ses vaches sacrifiées.
Traversant une longue et douloureuse période de vaches maigres, Margarine se serra la ceinture jusqu’au dernier cran. Parlant sa langue maternelle comme une vache espagnole, il décida de ne pas acheter la corde avant d’avoir le veau. Et le veau grandit pour devenir bœuf mais jamais le taureau géniteur qu’il voulait tant posséder. Margarine, en voulant toujours fabriquer plus de beurre, se rendit compte trop tard que ce n’est pas la vache qui beugle le plus fort qui donne le plus de lait. Vint le temps ensuite où même la vache a besoin de sa queue, Margarine eut son plus grand malheur lorsqu’un jour sa vache préférée cogna son bœuf devenu comme fou. Et comme une vache vue de loin a toujours plus de lait, Margarine décida de boire du lait le jour où toutes ses vaches ont bien voulu manger du raisin. Mais comme il faut toujours flatter la vache avant de la traire, Margarine se fourra le nez dans la bouse en découvrant que la robe ne fait pas la vache. Ne croyant jamais pouvoir manger un jour de la vache enragée, Margarine en ayant recours à sa vache sacrée décida de fabriquer le meilleur fromage de la région. Victime d’un complot innommable, Margarine fut arrêté et jeté en prison. A l’issue d’un procès ubuesque, il fut inculpé pour intoxication collective au fromage frelaté. Il passa vingt ans de sa triste vie derrière quatre murs décrépis. Dans l’intimité du cachot, Margarine écrivit un bouquin de poche sur l’homme qui marcha sur la prune ! Dans son livre, Margarine dépeint avec une plume érodée la triste saga d’un homme de la terre qui vit toutes ses cultures frappées d’une curieuse maladie. Devenu comme barjot, il décida de brûler toutes ses terres qui donnèrent la saison suivante un meilleur blé que le meilleur des avril. Il contribua, ainsi, contre sa propre volonté, à réduire de deux iota la « douloureuse bouftancière », payée chaque année rubis la jambe par son pays.
Un jour sans le sou, il reçut de la main manucurée du ministre du Pain National une médaille à deux revers. Mais quelques jours plus tard, Margarine glissa sur une prune trop blette et mourut le corps fracassé en mille et un morceaux.
29 décembre 2010
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