Said Sadi prend attache avec le Général Toufik puis avec l’ambassade américaine, et ça ne surprend personne ? En réalité, savez-vous décoder Wikileaks ? Il s’agit d’un exercice difficile, très compliqué ! C’est en tout cas, ce que l’on peut en conclure à la lecture de la presse qui a publié les informations sur les câbles diplomatiques confidentiels du gouvernement américain.
Bien sûr, les lectures de premiers niveaux sont assez aisées. On peut ainsi noter que le câble daté du 19 décembre 2007, révélé jeudi 16 décembre 2010 dans El Pais est particulièrement intéressant pour découvrir le dessous des cartes de la diplomatie américaine en Algérie.
On y apprend dans un résumé des discussions et échanges que l’ambassadeur américain connait et discute avec des personnalités de l’opposition et de la presse. Rien que de très normal, tout le monde en conviendra. On parle de la santé du président algérien, non parce que notre « invité du soir » s’inquiète pour Bouteflika mais parce que, de tout évidence, son décès ferait entrer le pays dans une nouvelle ère.
Mais comme un invité mis en confiance et qui se révèle d’un coup bavard, on apprend que Said Sadi, président du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) a raconté aux Américains une conversation « récente » qu’il avait eue avec le Général Mohamed Médiène, alias Toufik, patron du DRS (le sinistre Département du Renseignement et de la Sécurité).
Tiens donc ! M. Sadi s’entretient avec le Général Toufik sur l’avenir de l’Algérie. Intéressant.
Tiens donc ! M. Sadi peut même se prévaloir de rapporter les confidences de cet « élément clé » du régime. Intéressant.
Tiens donc ! Le Général Toufik avoue à Saïd Sadi qu’il est conscient des problèmes du pays mais qu’il attend d’être « assuré que toute alternative politique serait viable et qu’elle ne déstabiliserait pas le pays ». Intéressant.
Tiens donc ! Said Sadi se fait l’émissaire du Généralissime et en honorable correspondant fait passer aux Américains la recommandation de ne pas déstabiliser le pays. Intéressant.
Même si les câbles de Wikileaks ne concernent que très peu le paysage politique algérien et la Kabylie, ils recèlent en filigrane une véritable mine d’or. Quels enseignements peut-on en tirer ?
Tout d’abord que Said Sadi rencontre le Général Toufik. C’est déjà une information. Et que cela doit certainement se faire régulièrement. C’est probablement l’occasion pour lui de prendre ses informations auprès du Général et aussi ses consignes.
Dès lors, il est évident que la Kabylie n’est à leurs yeux qu’un instrument, une variable que l’on agite au gré des luttes de clans. Le Général avec ses affidés Sadi, Djaballah et consorts joue tantôt la carte des moquées en agitant ses pions islamismes, tantôt celle du monde arabe en ressortant les tenants de l’arabo-bathisme tantôt la carte de la Kabylie, de sa propension à l’agitation et à la revendication démocratique en exhibant le soldat Sadi.
Aqlalas
26 décembre 2010
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