Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par M.B.
Les cerveaux fuient sans même quitter le pays !
La fermeture de l’espace public à l’opposition, qu’elle soit intellectuelle, politique, d’élite ou d’affaire a eu, jusqu’à aujourd’hui une première conséquence néfaste: la dépolitisation de la société algérienne, sa démission civique, son désintérêt
électoral et son basculement dans l’émeute et sa sous représentativité désastreuse pour le règlement des conflits. On a donc pensé que la facture était arrêtée à cette addition douloureuse, il n’en est rien. Les câbles wikilieaks concernant l’Algérie, viennent, depuis des semaines, de révéler qu’il existe encore une autre conséquence encore plus lourde même si elle est restée longtemps invisible: le repliement des élites vers le confessionnel des ambassades étrangères, surtout celle de l’Occident et des Etats Unis particulièrement. C’est lors des fameux dîners des chancelleries, que les Algériens en arrivent à raconter leur histoire nationale, rendre publiques leurs analyses et faire état des derniers développements. Le meilleur de la vision de l’élite algérienne sur elle-même et son propre pays ne sert pas le pays mais ceux qui y viennent en invités. La raison ? Faute de mieux, on se replie vers le pire. Cette situation arrangera au plus haut point les fameux intérêts des étrangers dans un pays où les élites n’ont pas d’autres choix que de recourir à l’oreille ou à l’aide des occidentaux pour faire entendre leur voix ou espérer changer les choses. Il va ainsi des chefs de partis, des patrons algériens, des journalistes et du reste des intellectuels. On se demande même si le fléau ne touche pas autant les hommes politiques en postes, incapables de faire valoir leur différence au sein d’un système clos et qui ne trouve, pour exprimer des avis contraires, que l’oreille attentive d’un ambassadeur étranger. C’est dire à quelle limite est arrivé le désespoir «politique» algérien: des populations qui ne savent recourir qu’à l’émeute pour changer les choses et des élites qui ne savent qu’appeler à l’aide la fameuse main étrangère pour espérer faire de même. Si les révélations de wikileaks doivent servir à quelque chose, qu’elles servent au moins à arrêter la fuite des cerveaux algériens qui fuient même en restant chez eux, faute de mieux
25 décembre 2010
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