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L’Art Autrement vu : les ailes du beau par Mohammed Abbou

25 décembre 2010

Contributions

Issiakhem un nom, une mélodie qui invite l’imagination à planer comme un cheval ailé au dessus d’un toit cotonneux à la rencontre de l’éblouissement.



M’Hamed, un prénom prémonitoire qui va mener la famille sur les terres du saint patron des flitas Sidi M’Hamed Benaouda. Au centre ville de Relizane dans la rue la plus vivante de la cité se dresse encore le bain maure «Issiakhem » qui a longtemps résonné des rires d’une enfance bouleversée et bouleversante.

Face à quelques unes de ses œuvres, je revis les lieux que j’ai partagés avec M’Hamed Issiakhem sans le rencontrer et dans lesquels se sont croisées nos sensations. Un port altier et des yeux immenses auxquels la tristesse donne une lourde profondeur ; Issiakhem annonce dans le regard d’une femme, dans le regard d’une mère, le catalyseur d’un talent qu’aucune prouesse ne peut épuiser. Qu’ils soient affirmés ou fuyants, les traits ne manquent pas de finesse et expriment, tous, la douce élégance d’une douleur contenue, sourde, enfouie derrière une pupille humide, des livres pincées, des joues lourdes ou un menton timide.

Cette douleur indicible n’est pas cependant une résignation mais l’impulsion fiévreuse de la manifestation multiforme du beau. Il est le témoin éclairé d’une période où la conscience n’a pas pris le temps d’investir la raison mais s’est engouffrée brutalement dans la perception du réel. Alors la jeunesse domestique sa fougue et devient une souffrance équivoque, car, à la fois, déchirante et flamboyante.

Déchirante parce qu’elle dévore l’être dans sa quotidienneté, l’impliquant cruellement dans un décalage entre sa vie et ses rêves. Son seul répit est dans l’amitié qui agit tel un baume, mieux tel un élixir, tant elle se veut un échange talentueux entre des esprits pressés de laisser jaillir leur avide créativité.

Flamboyante dans ce qu’elle a révélé comme aptitudes chez des êtres que la bienveillance a oubliés et qui ont rencontré trop tôt l’atrocité d’un monde sans respect pour la vie où seul comptait la domination.

Mais la violence n’a pas gagné leur cœur , elle a été soufflée par le feu de leur pensée, le feu de leur regard. Ils ont alors dit, écrit ou peint, à la fois, leur désarroi et leur folles espérances. Issiakhem refuse de s’habituer à la souffrance, il la défie et en joue. Son espoir a toujours une mémoire, celle d’une réalité amère, mais cette mémoire n’est pas contemplative, c’est une mémoire active qui participe à la transformation de la vie. Le souvenir y est utile. Ses visions ne s’appuient ni sur une expertise ni sur une érudition, mais seulement sur l’imprégnation culturelle d’une vie honnête et sincère. Toute la force de ses œuvres est dans l’amour et la solidarité qui les inspirent. Le beau suffit à tenir l’homme en éveil.

Les ouvrages et les hommes s’entrelacent dans un brun foncé sous le souffle du vent de sable qui balaie l’atmosphère comme pour accélérer l’amalgame d’une vie indécise. Une vie qui ne sait plus faire la part des choses et où la matière écrase la sensation. Des êtres désemparés aux corps robotisés émergent de façon évasive d’un bleu pâle et dégradé, le blanc de leurs faces hébétées en dit long sur leur désarroi.

Leur union n’est pas un moment fort mais une tentative de reprendre le fil perdu de leurs habitudes. Ils veulent bien croire qu’ils peuvent paver de leur «bon vieux temps» le chemin qui leur reste à vivre. Parée de ses plus beaux atours, la mèche noire disciplinée sur un front large et surplombant des yeux épanouis, la femme s’applique à déchiffrer quelques secrets sur le parchemin de la vie. Mais le regard reste triste et insatisfait n’arrivant pas à retrouver les traces d’une conscience exilée. C’est toujours dans une féminité exacerbée qui se profile dans un halo verdâtre derrière les murs jaunis d’une cité endormie que se réfugie une identité sensible et effarouchée.

Issiakhem ne cherche pas à représenter une réalité inconstante, il mène une quête intérieure, la quête d’une déhiscence d’où peuvent échapper les graines de l’espérance.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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