La sardine, y a pas à dire, a depuis plus d’une année, pris des allures de poisson noble. Sur les marchés du pays, elle se négocie dorénavant à pas moins de 300 dinars le kg. C’est-à-dire la moitié du kilogramme de merlan,
en «colère» que ce poisson démersal lui ravisse sa notoriété de poisson noble. Il est connu et de tradition que la sardine, avec la pomme de terre, a été toujours l’aliment de base des plus démunis, et constituait une riche ration calorifique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y avait d’abord les ministres du Commerce et celui de l’Agriculture qui avaient, en leur temps, assuré que la hausse des prix des produits agricoles de large consommation s’expliquait par l’intangible loi de l’offre et de la demande. Maintenant, c’est autour du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques de nous servir la soupe piquante de l’offre et la demande qui déterminent les prix de la sardine. Ben oui ! Il suffit que la production de sardine périclite pour que les prix montent. Une explication qui en vaut une autre, puisque le prix peut être déterminé par autre chose que l’offre, et dans le cas des produits de la mer, des paramètres extraprofessionnels entrent en jeu, dans la plupart des cas, pour déterminer le prix des poissons. Le mauvais temps, comme celui que traverse ce métier noble, peut à lui seul faire monter ou baisser les prix. Une mer démontée peut faire monter à des sommets le prix de la sardine, ou à défaut, une mer calme est souvent synonyme de bonne production de poissons. Pas seulement de la sardine.
L’exemple lamentable de la pêche au thon, qui traverse notre pays sans être pris et servi dans les assiettes des Algériens, et va mourir dans les halles à marée de Tunisie ou de Libye est là pour nous rappeler certaines vérités amères. Comme celle également de ce dépeçage du quota de pêche au thon de l’Algérie qui a été attribué à plus de 50% à d’autres pays.
Il y avait un certain temps, on parlait de crevette royale qui filait à l’anglaise vers les poissonneries espagnoles ou italiennes. Aujourd’hui, les mauvaises langues parlent de belles sardines ou d’anchois qui filent à la française vers des contrées plus clémentes pour le porte-monnaie des contribuables européens. Et nous, nous restons là à chercher à la ’bougie de Diogène» quelque part en Algérie où le prix de la sardine est abordable. Est-ce possible qu’on en arrive à parler de prix de la sardine, et pas de crevette, de daurade ou d’autres produits de la mer, et non pas de satisfaction des exigences de la FAO en matière de consommation annuelle de poisson, qui est loin, chez nous, des 12kg/an/habitant ? Le merlan est vraiment en colère, car beaucoup savent que les prix et les grosses affaires se traitent en haute mer, loin des regards indiscrets. Quant à l’offre et la demande,…
21 décembre 2010
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