Quand la santé te convoque pour te clouer au lit, tu commences à te dire : le moment est venu d’apprendre à larguer, jeter, jeter, tout vider, tout abandonner… Ne rien garder, débarrasser, démissionner. S’arrêter et choisir entre l’arrêt du bus et l’arrêt cardiaque. S’attacher ne fait qu’accumuler les douleurs. S’attacher ne fait qu’accumuler les souvenirs qui, un jour, à l’ouverture d’un carton, vous éclaboussent de souffrance, rouvrent les déchirures. S’attacher aux lieux vous empêche de progresser, vous enracine dans le passé, vous ferme les portes. Le peu de portes qui restent à ouvrir.
Laisser tout au bord du chemin pour avancer sans remords, pour avancer libéré, déchargé de tout poids et de tout sentiment.
Quitter, tout quitter, ne pas se retourner de crainte d’être… d’être quoi ? Non, de crainte justement de ne plus être, mais de ne servir qu’à… servir.
Oublier ce moi-même qui n’était plus moi, mais un autre, retrouver ce moi-même qui était enfoui sous les objets, les lieux, les personnes qui se sont greffées pour me parasiter, me paralyser, m’étouffer. M’étouffer, sans doute est-ce là la raison pour laquelle je ressens tant ce besoin d’air, comme au sortir de la tête sous l’eau, le besoin d’air, de respirer, de crier, de hurler pour faire pénétrer plus d’air encore. Y’a en a marre ! Baraketttt !
Voilà, j’étais parvenu jusqu’à l’étouffement et d’un dernier sursaut, je tente de reprendre mon souffle. Je vais reprendre mon souffle, respirer…
Enfoui sous un amas d’obligations, de choses et d’objets, de personnages greffés sur moi, l’air ne me parvenait plus, la liberté était déguisée en société, socialement admissible, en sécurité raisonnable. Tout jeter pour respirer… et vivre, survivre, revivre…
21 décembre 2010
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