Alger n’est pas l’Algérie. Mais, celle-ci fait rêver de nombreux Algériens de l’Algérie profonde. A tort ou à raison, peu importe. On sait qu’à l’intérieur du pays, à côté des corps constitués, cohabitent souvent en grande harmonie- des notables. De nouveaux notables synonymes de puissance d’argent qui n’existaient pas il y a une trentaine d’années. Ils sont facilement repérables. Soit par leurs magasins, leurs biens immobiliers ou encore leurs grosses cylindrées rutilantes. C’est peut-être caricatural, mais en général c’est ainsi qu’on les débusque.
A Alger, c’est différent. L’immensité de la ville rend l’exercice de repérage plus compliqué d’autant plus que la ratatouille sociale est si chaotique que de nombreux Algérois se prennent pour des «quelqu’un». Ne parlons pas des critères ou des normes classiques de nature à déterminer qui est ou n’est pas un notable, grand, moyen ou petit. Il se trouve qu’à ces nouveaux notables correspondent de nouveaux critères. Pistes.
On sait que les services de police ou de gendarmerie s’appliquent à faire respecter le code de la route et que les permis de conduire suspendus se comptent par milliers. Eh bien, il y a une exception notable qui ferait sortir de ses gonds le commissaire Lazouni, vénérable animateur de l’ex-émission «le motard invisible» : des bus roulent impunément sur la bande d’arrêt d’urgence au vu et au su de tout le monde. Quelques explications à cette violation du code de la route : ces bus seraient autorisés à rouler sur cette voie spéciale, ces bus s’autoriseraient seuls à le faire, ou encore ces bus sont couverts en «haut lieu». Nous y voilà ! En «haut lieu» ! Le propriétaire de cette tentaculaire entreprise d’autobus (2 à 3 000 engins, dit-on) qui viendrait d’entrer dans le capital d’une compagnie étrangère pour 50 millions d’euros, serait un intouchable. Grand bien lui fasse ! C’est le dernier des centres d’intérêt des automobilistes qui veulent seulement que ces bus ne bouchent pas la bande d’arrêt d’urgence, respectent le code de la route comme tout le monde, qu’ils ne roulent pas à 100km à l’heure, et qu’ils ne leur fassent pas de queue de poisson.
Il n’y a pas que des bus qui peuvent être un signe extérieur de pouvoir. Arracher des pins centenaires du domaine forestier pour y engager une promotion immobilière privée et construire à la place d’horribles immeubles, cela est aussi un signe extérieur de pouvoir. Arracher également la plaque métallique qui mentionne que c’est ou que c’était – un périmètre des eaux et forêts. Construire sur le domaine maritime sans que trois ou quatre ministres successifs n’aient pu y mettre un terme, n’est-ce pas un exploit que seul, ce «promoteur immobilier», nouveau «notable», est capable de réaliser. A côté de ces exposants en signes extérieurs de pouvoir et de la multitude le «ghachi», si vous préférez qui ne sait plus où donner de la tête, un avis de recherche des pouvoirs constitués est lancé.
19 décembre 2010
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