par El-Guellil
Un célèbre dissident demande l’asile politique chez nous. A son arrivée au matar, une meute de reporters l’attend.
- Pourriez-vous nous parler des difficultés de la vie quotidienne chez vous ?
- A vrai dire, honorables journalistes, on ne peut pas se plaindre…
- Est-ce que vous avez des problèmes de logement. Des arnaques dans leur construction ? Est-ce que vous attendez dix ans pour un logement qui devait être livré en deux ans ? Est-ce que vos promoteurs vous greffent des augmentations qui n’ont jamais été prévues sur le contrat ?
- Là aussi on ne peut pas se plaindre.
- Pourriez-vous nous dire si dans votre pays vous êtes obligés de soudoyer pour un S12 ?
- On ne peut pas se plaindre. – Est-ce que vous avez, réforme sur réforme, dans le domaine de l’enseignement et que vos enfants sont pris pour des éternels cobayes au moment où les enfants des personnalités grosses légumes suivent leurs cursus dans des écoles étrangères ?
- On ne peut pas se plaindre, n’arrête pas de répondre le dissident.
- Et les bidonvilles font-ils l’objet d’un commerce juteux ?
- On ne peut pas se plaindre. Je vais le coincer pense un journaliste qui pense: «et le commerce informel trouve-t-il un terrain propice? Peut-on verser une chkara d’argent dans une banque sans qu’il soit demandé son origine? – On ne peut pas se plaindre. – Est-ce que les membres des syndicats sont généralement des personnes qui n’ont jamais travaillé ?
- On ne peut pas se plaindre. – Qu’en est-il de la liberté de parole et d’opinion ?
- On ne peut pas se plaindre…
- Et le respect des Droits de l’Homme ?
- On ne peut pas se plaindre non plus…
- Mais alors, dit un journaliste, pourquoi demandez-vous l’asile politique chez nous ? – Parce que chez vous on peut se plaindre.
Fou rire général
19 décembre 2010
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