Tout laisse croire que le bonheur est en phase de finir sa lente évasion. Les nouveaux walis, la nouvelle feuille de route les encadrant, le plan quinquennal et le
câble de wikiLeaks ne peuvent ressusciter l’âme moribonde d’un espoir populaire
qui s’estompe au fil des programmes.
Quand la démission, face à la débandade est
ressentie comme une désertion et la réunion, face à l’overdose des barrages est
considérée comme une solution, il ne reste au pauvre citoyen que de souhaiter
l’endurance de cet état avec un approfondissement dans le mécanisme de
l’abrutissement social et une haute technologie dans le broyeur de bonnes et
rares volontés. La période continue du cyclone n’a été qu’un ralentissement des
activités intellectuelles et motrices dans le plan de la relance économique et
une dépression au-dessous d’un niveau zéro dans la bonne gouvernance.
L’éclaircie ne semble pas pour demain et l’on attend le déplacement vers
d’autres espaces jusque-là indemnes et immunisés, de cette force violente,
silencieuse et gangrénante dans le long terme. Les démissions se succèdent à la
mise volontaire en retraite anticipée par ceux, rares qui continuent à croire
en un probable espoir. L’on ne sent ni ressent plus ce plaisir de pouvoir
continuer à servir ou faire servir l’Etat, tant que celui-ci se trouvant entre
des mains inappropriées, se confond allégrement au régime. Le cyclone,
phénomène naturel est aussi un dérèglement volontaire ou involontaire de la
nature. Un caprice qui coûte cher.
La famille espoir d’Algérie, parents, alliés
et consorts ont donc l’immense douleur d’annoncer aux dirigeants, gouverneurs
et gestionnaires, la disparition tragique de plusieurs centaines, voire de
milliers de leurs enfants, épouses, frères, sœurs, pères et mères causant par
effet de séisme leur mort survenue brusquement un jour, sans date.
L’ensemble des amis et proches collaborateurs
parmi les citoyens, les membres de la sécurité, les pompiers, la société, le
privé et le public, voisins immédiats de la famille des défunts ou limitrophes
tiennent à remercier tous ceux qui ont, par gestes, écrits, pleurs ou dons de
sang ou d’eau, compati et partagé l’émotion et l’effroi. La levée difficile des
corps continue d’avoir lieu aux multiples domiciles mortuaires à l’aide de
versets, de pioches et de bulldozers. L’enterrement continue tout aussi d’avoir
lieu à tous les cimetières qui n’ont cessé d’accueillir dans leur vaste
territoire les dépouilles de victimes toute nature confondue. Ils sont partis,
ces morts sans éloges ni oraison funèbre. L’hécatombe a frappé leurs demeures
sans nul préavis de la CATT ou de la CAAR. La mort sous un degré de plus de
sept, a fauché leurs vies, dans un laps de temps tiré d’un virage à plus de 190
degrés. Les larmoiements de toute la famille n’ont de cure ni de pouvoir de
ressusciter les narrateurs, témoins inaudibles et précaires de quelques
secondes, comptés à jamais pour lugubres et funéraires. Ils sont partis,
laissant leurs progénitures, descendances ou ascendances aux soins décortiqués
et en mal d’harmonie d’une société, d’un Etat; par défaut de vision, en
éternelle ébullition organique. L’organisation des effets funestes du drame
fatidique n’avait pu relancer l’espoir chez le rescapé, le sans-abri, le veuf
ou l’orphelin. La famille sus-citée témoigne à l’égard de tout compatissant, sa
profonde sympathie en ces moments houleux et plus que douloureux et l’assure de
sa gratitude et son encouragement de le voir persévérer dans cette voie de
haute solidarité citadine et citoyenne. Comme, elle saisit, infortunée et accablée
cette opportunité, ô combien malheureuse d’adresser ses intimes vœux de ne plus
revoir, dans les veillées sépulcrales, se hisser des ambitions personnelles ou
se tisser sur les décombres et les tombes les relations et les renouements
politiques. Elle exhorte, par conséquent, tous les expéditeurs de condoléances
et d’expression d’estime à plus de sagesse et de piété envers les morts et
autant de prières et de jérémiades face à ceux qui sont dans l’antichambre de
l’au-delà. Tous.
Le contrat social de Jean Jacques Rousseau,
base de toute l’évidence constitutionnelle, offre un excellent ustensile où il
faudrait mijoter tous les ingrédients d’une bonne politique. Pourquoi donc
pense-t-on toujours que la politique ne se fait exclusivement que dans des salons
et autres espaces de confort ? Est-ce une formule orthographique consacrée
ainsi depuis l’apparition des bolcheviques ? Ou une rédaction bourgeoise,
attrayante et amusante mais à forte connotation démagogique ? A moins qu’il ne
soit question, de cet ensemble ordonné de règles tacites et de savoir qui
aident à gouverner scientifiquement les affaires publiques et celles de la
cité, la politique prendrait là une sémantique emplie d’honneur et forçant la
conviction. On ne décide pas sur un avenir en catimini lorsque l’on est désigné
pour assurer radieusement cet avenir, celui d’une population, d’une
administration ou d’une frange d’entreprise. On l’expose au public, aux élus,
aux représentants même mal élus.
A la moindre possibilité aux concernés. Il
est d’une idiotie primaire d’entendre parler encore de ce wali qui préfère
l’écharpe du maire pour en décider, dans l’unilatéralité de refaire les
trottoirs, les terre-pleins ou de changer à son goût fade et insipide les
réverbères et les lampadaires de rues et de boulevards. Le décor de façade d’un
siège de wilaya n’est pas, au sens architectural, son propre apanage, ni ne
doit exclusivement s’astreindre à son bonheur personnel et éphémère. Lui un
jour, il s’en ira, mais l’altération urbanistique demeurera. Pire, il ne
discute point. L’avis des autres, soit de ceux qui sont censés être ses
collaborateurs n’est rien devant le sien qui, force de loi, s’érige manu
militari en ferme décision. On a mal encore à devoir subir des walis qui
refusent dès leur installation, l’écoute d’autrui et se disent décidés à
n’entendre personne. Ils essayent de faire peur, en vociférant, tapant du poing
ou invectivant un avis osé. Ils se font parler d’eux, ces nouveaux débarqués
sur les berges qui leur sont habituelles. Ils chérissent davantage le
calfeutrage des murs et le confort des résidences d’Etat. Ouvertes même à toute
une tribu. Allez voir combien coûte un wali de la République à la République !
Ainsi par ces façons d’assurer la gestion des
cités ou des collectivités, l’on contribue à point nommé, à faire fuir
davantage l’espérance qui garnit encore certains espaces de la vie commune.
Sinon l’on assiste, hélas à un trépas à grande échelle. L’espoir est dans un
catafalque. Agonie après l’autre, il se pare à aller vers les méandres de
l’oubli.
Puisse Dieu Tout-puissant accorder clémence
et miséricorde aux défunts et donner courage et patience à l’Algérie pour
surmonter courageusement ces moments continuellement malheureux. Amen.
11 décembre 2010
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