«Dans la littérature algérienne d’expression arabe, je constate qu’il n’y a pas, aujourd’hui, beaucoup d’auteurs qui écrivent des histoires courtes», a relevé la conteuse Akila Rabhi à l’occasion d’une rencontre autour de son recueil Les détails sur la dernière promenade.
Bel euphémisme pour dire que les nouvellistes de langue arabe se font rares, pour la nouvelle génération d’écrivains notamment. Preuve en est, peut-être, cette rencontre qui a eu lieu mercredi dernier à la bibliothèque Multimédia Jeunesse, rue Didouche- Mourad (Alger), n’a réuni que quelques journalistes autour de la nouvelliste. Le débat autour du recueil, lui, n’a pas atteint les sommets. On s’en doutait déjà, au départ, que la nouvelle en Algérie connaissait une régression au plan de la production. Est-ce parce que l’écriture de la nouvelle est difficile par rapport au roman ? Que cela demande de suivre une méthodologie plus rigoureuse, nécessitant une écriture libérée des «convenances» et principalement orientée sur le travail de la langue ? Ou encore, est-ce parce que l’état de l’édition en Algérie souffre d’une relative précarité ? Des questions (parmi d’autres) qui attendent toujours des réponses. Akila Rabhi, elle, a une assez longue expérience dans l’écriture de nouvelles en langue arabe. Un parcours jalonné par l’obtention de plusieurs prix. Elle est l’un des quelques écrivains de la nouvelle génération à maîtriser son sujet, préférant même attendre encore un peu avant de se lancer dans le genre romanesque. «Le roman, dit-elle, offre plus d’espace, certes, mais je continue à privilégier les histoires courtes. Ma démarche, c’est d’avancer par étapes.» S’agissant de son dernier recueil édité en 2010, elle précise que les onze nouvelles qui le composent ont été écrites à différentes périodes, jusqu’en 2007. Préfacé par le Dr Chribet, le recueil décline sous différents tons et formes des situations à l’échelle de l’individu et de l’intime surtout. Les «thématiques » sont variées, puisées de la mémoire de l’écrivaine, de ses idées, de ses sentiments, de son vécu personnel et de son expérience dans la littérature. Akila Rabhi a lu, à son auditoire, quelques- unes de ses nouvelles. On se rend compte qu’elle ne focalise pas sur les thèmes «propagandistes » et opportunistes qui empêchent d’avoir une écriture libre. Elle s’est même essayée aux histoires très courtes, de quelques lignes seulement, dans le style flash-back, un genre de plus en plus en vogue dans le monde arabe. Car, dans ce «monde de la vitesse » (sic), il faut savoir aller à l’essentiel. Akila Rabhi fait assurément preuve de créativité littéraire, elle qui veut être de son temps et écrire sans complexe en étant le porte-parole d’une langue arabe moderne qu’elle fait sienne. A ce titre, elle figure incontestablement dans le vivier de ces écrivains prometteurs, volontiers intimistes, qui pourront prendre en charge, à terme, la créativité de la littérature d’expression arabe.
Hocine T.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/12/06/article.php?sid=109592&cid=16
7 décembre 2010
LITTERATURE