Depuis Alphonse Daudet, l’âne semble avoir la guigne chez nous. Déjà, le fier Tartarin de Tarascon, venu chasser le lion en Algérie à la fin du XIXe siècle, a fait feu de tout bois sur un inoffensif bourricot qu’il avait confondu, dans le noir, avec le roi des animaux.
Pas plus tard que mardi, le canard que vous êtes en train de lire a rapporté une information pour le moins renversante : à Naâma, des hommes bien- pensants ont lancé «une campagne d’abattage des ânes». Cette tête de mule serait responsable d’accidents de la circulation. Donc, on va abattre tous les ânes surpris à proximité d’une route et le problème n’existe plus (cessez plutôt vos âneries vous, qui tournez en bourrique cette pauvre bête !) Depuis longtemps, l’âne se taille la part du lion dans le répertoire des quolibets. «Vas y cours, ya h’mar !» lance Gad Elmalleh en direction d’un athlète qui «court en marchant». Ane, «h’mar» ou «aghioul» sont les noms du même animal, dans des langues différentes et veulent tous dire la même chose (le contraire d’intelligent). Qui prendra le parti de l’âne ? Le 15 janvier 1870, Thomas Nast publie une bande dessinée politique dans le Harper’s Weekleysous le titre de A live jackass kicking a dead lion (un âne bien vivant frappe un lion mort). Cette BD inspira le Parti démocrate des Etats- Unis à choisir l’âne comme symbole. Dans le monde, il n’y a que les Américains qui ont pris le parti de l’âne…
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/11/27/article.php?sid=109189&cid=16
7 décembre 2010
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