Nabil Benkamoun (50 ans), le héros du dernier roman de Hamid Grine, est prof de français dans un lycée d’Alger. Marié à Warda, elle-même enseignante, Nabil est passionné par l’univers des livres, des écrivains et de la littérature.
En apprenant le décès de son père, le passé de Nabil remonte à la surface. Au fond de lui-même, il n’a jamais pardonné à son paternel sa froideur et son indifférence envers lui. Pis, il lui en veut d’avoir maltraité sa chère mère Oum El Kheir, décédée il y a longtemps. «Mon père avait ce qu’on appelle un caractère de chien… Je sais qu’on ne traite pas son père ainsi. Je pourrai jouer au bon fils figé dans une dévotion totale pour son défunt géniteur… Comment qualifier un homme assez riche pour s’offrir chaque année une omra et un pèlerinage et refuser d’acheter des médicaments à son épouse ?» En cassant sa pipe, l’octogénère laisse une belle fortune derrière lui. Les vautours sont déjà là : tante Aljia, le cousin Ahmed, l’oncle Messaoud… Tous veulent leur part du gâteau, les «mellyard», comme l’écrit l’auteur. Mais le pire est à venir. Au troisième jour des funérailles, Messaoud, l’oncle paternel, attire son neveu dans un coin et lui assène : «Dis-moi Nabil, est-ce que tu es capable de supporter une vérité que j’ai le devoir, en tant qu’aîné de la famille, de te révéler ?» L’orphelin sent ses jambes flageoler. C’est comme si le ciel lui tombait sur la tête. Il apprend de la bouche de son oncle qu’il est le fils… d’Albert Camus. Né des amours cachées du prix Nobel et avec l’une de ses admiratrices. Une Algérienne appartenant à une famille bourgeoise conservatrice. Devant l’incrédulité de Nabil, Messaoud argumente : «Mais regarde-toi… regarde-toi avec tes yeux verts alors que tous les membres de la famille ont des yeux sombres… Tu ne t’es jamais posé la question d’où te venaient ces yeux, hein ?» Tourmenté par ce secret, Nabil Benkamoun n’aura de cesse de découvrir la vérité sur ses origines. Il se lance sur les traces d’Albert Camus. D’abord à Alger, notamment au 93, rue Belouizdad (ex-Rue de Lyon) où l’écrivain a vécu avec sa mère. Puis à Tipasa, la ville qu’a tant célébré Camus dans son romain Noces. «Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur de l’absinthe.» C’est d’ailleurs cette plante odorante, fleurissant dans la ville antique qui a inspiré à Hamid Grine le titre de son roman. C’est en compagnie de Sarah, sa jeune et jolie collègue qui en pince pour lui, que Nabil visite Tipasa. Mutine, enjoleuse, séductrice et pétillante, Sarah compte à peine un quart de siècle au compteur de sa vie. Son collègue la subjugue. Peut-être lui trouve-t-elle un air de famille avec Albert Camus ? Nabil tente de reconstituer le puzzle en allant à la rencontre des gens qui pourraient éventuellement témoigner sur la relation qu’aurait eue l’auteur de l’Etranger avec cette mystérieuse Algérienne. «En marchant sur les traces de Camus, j’ai l’impression de mieux le connaître. Est-ce que je commence à m’attendrir sur un homme qui pourrait être mon père biologique ?» Une fiction certes mais truffée de faits réels, à l’image de la prise de position d’Albert Camus vis-à-vis du colonialisme en Algérie… Hamid Grine évoque ainsi Francine, la maman du prix Nobel. «Elle était presque muette et sourde. C’était une femme silencieuse, tout le temps vêtue de noir…» L’humour est très présent à travers Un parfum d’Absinthe. «Je quittais mon père en le laissant entre les mains de Nakir et Mounkir… Tôt j’ai fait la connaissance de Nakir et Mounkir, brandis comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête d’écolier par mon instituteur. » P12. Nabil Benkamoun est-il le fils caché d’Albert Camus ? Finalement, la vérité viendra, peut-être, de Hadj Bazooka, un ancien moudjahid.
Une dose de rêve
Une rasade de fiction
Une pincée d’amour
Un brin d’histoire
Un soupçon d’humour
Secouez le tout, Vous obtiendrez un roman étonnant, surprenant et savoureux à déguster.
Un parfum d’absinthe, de Hamid Grine, Editions Alpha, 230 pages, 2010, 600 DA.
SabrinaL
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/12/01/article.php?sid=109374&cid=16
7 décembre 2010
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