Ancien officier de l’ALN dans la Wilaya IV historique, Mohamed Cherif Ould El Hocine poursuit son minutieux travail de construction mémorielle et de sensibilisation de la jeunesse autour du message de Novembre 1954.
Son dernier ouvrage De la résistance à la guerre d’indépendance, 1830-1962 est, à ce titre, le plus complet et le plus didactique de sa trilogie consacrée à ce devoir de mémoire. Cette fois, l’auteur remonte loin dans le temps, précisément jusqu’au 14 juin 1830, date du débarquement des troupes françaises à Sidi Fredj, pour balayer par la suite toute la période de la longue nuit coloniale. Précisément, toute cette période a été jalonnée par des actes héroïques de résistance, de batailles et de sacrifices du peuple algérien contre le colonialisme français et l’armée d’occupation. Mohamed Cherif Ould El Hocine retrace cette épopée illuminée par les grandes figures de la résistance, et dont le 1er Novembre 1954 est l’aboutissement. Notre histoire contemporaine, principalement la la guerre de Libération nationale, se taille naturellement la part du lion dans cet ouvrage pédagogique qui se veut un hommage aux chouhada, moudjahidine et moudjahidate connus ou moins connus qui ont fait la Révolution. Au fil des pages, le lecteur découvre ainsi toute une galerie de portraits parfois longs, mais le plus souvent succincts et concis, de tous ceux et celles qui ont fait l’histoire avec leur sang et leur sacrifice. De l’Emir Abdelkacer et Lalla Fadhma n’Soumer, en passant par l’Etoile nord-africaine et les grandes figures du mouvement nationaliste, et jusqu’aux chefs historiques du FLN et tous les baroudeurs plus ou moins anonymes, Mohamed Cherif Ould El Hocine nous livre ici un riche travail documentaire tant textuel qu’iconographique. La galerie de photos est en effet remarquable et présente un intérêt considérable pour le lecteur. Avec cet opus, on peut mettre des visages sur des dizaines et des dizaines de noms de héros ou de femmes et d’hommes restés discrets y compris après l’indépendance. L’auteur n’oublie pas non plus de retracer, dans le détail, les grandes batailles auxquelles il a participé dans la Wilaya IV, ce qui donne encore plus de poids à cette contribution à l’écriture de l’histoire par le témoignage. A ceux qui lui reprocheraient de manquer de méthodologie, d’analyse scientifique et de rationalité dans cet ouvrage, Mohamed Cherif Ould El Hocine peut rétorquer qu’il écrit dans l’urgence. Et seulement pour témoigner et transmettre un message aux jeunes générations. La «vraie» réécriture de l’histoire, ce n’est pas son rôle, n’étant ni historien ni écrivain. De ce point de vue, ce que des intellectuels appellent la rente de légitimation historique du pouvoir est un autre débat. Car lui, tout en dénonçant «la forfaiture de certains personnages au passé révolutionnaire douteux» (sic) et qui sont des repoussoirs pour la jeunesse, cherche seulement à transmettre aux générations nées après l’indépendance de belles et nobles valeurs. Entre parenthèses, cet authentique moudjahid a su transcender l’injustice dont il est lui-même victime depuis plus de deux décennies. Ayant été spolié injustement de son entreprise de signalisation routière, cet invalide de guerre, aujourd’hui à la retraite, a préféré oublier le ressentiment pour se consacrer plutôt à faire œuvre utile. Grâce à sa plume.
Hocine T.
Mohamed Cherif Ould El Hocine,
De la résistance à la guerre d’indépendance : 1830-1962,
Casbah Edition 2010, 360 pages.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/11/28/article.php?sid=109238&cid=16
7 décembre 2010
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