Edition du Dimanche 07 Novembre 2010
Des gens et des faits
“Condamnée à la solitude”
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Ghania vit chez sa sœur. Elle se consacrait à ses études et à la lecture quand elle ne s’occupait pas de son neveu. Un soir, Boualem et Zohra tentent de discuter avec elle. Ils ne comprenaient pas pourquoi elle était aussi renfermée…
12eme partie
-Comment ?
Ghania avait pâli tandis que ses yeux étaient un peu plus brillants. Elle avait pincé les lèvres, serrant aussi les mâchoires comme pour s’empêcher de répondre. Car ce qui lui était arrivé et qui lui avait fait presque perdre goût à la vie, elle ne pouvait pas le dévoiler.
Certes, elle les aimait et leur était très reconnaissante, mais elle ne pouvait rien leur dire.
- Ghania, je suis convaincu qu’il t’est arrivé quelque chose. Pourquoi en faire un secret ? insista Boualem.
La jeune fille haussa les épaules, toujours aussi livide, ses yeux secs et brillants s’étaient mouillés de larmes.
- Nous pourrions t’aider, intervient Zohra. Je te jure que nous garderons le tout pour nous ? Car je suis sûre que tu te sentiras mieux après t’être confiée…
- Je suis sûr, glissa Boualem, que tu retrouveras rapidement ton sourire et que tu t’épanouiras. Car aujourd’hui, je t’avoue te surveiller depuis ton arrivée chez nous. Tu me donnes la forte impression d’avoir devant moi une fleur fanée bien avant d’avoir pu s’épanouir au soleil. Ton comportement m’avait troublé. Tu ne voulais pas sortir, t’occuper de toi, comme si tu avais honte d’être belle.
Pour la première fois, Ghania parla, sa voix était presque grave :
- Mais je n’ai pas besoin de maquillage, je suis belle sans, j’espère ! se défendit-elle. Comment peux-tu être convaincu que je suis renfermée ?
- Tu ne te consacres qu’à tes études, comme si c’était ta planche de salut !
- Quel mal y a-t-il à vouloir réussir dans ses études, avoir une place dans cette société pour ne pas craindre d’être écrasé ? D’avoir sa part surtout quand elle est méritée !
- Il n’y a aucun mal à réussir, approuva Boualem. Mais je sais que si tu t’y donnes à fond, c’est pour oublier quelque chose. Plus j’y pense, plus je suis inquiet. C’est pourquoi je voudrais t’aider. Pourquoi ne pas t’ouvrir à nous ?
- Je ne peux pas, avoua Ghania en se levant. Je ne le pourrai jamais.
Elle quitta le salon et faillit tomber en ayant heurté le coin de la table basse.
Du peu qu’il resta cette nuit, elle le passa à pleurer. Elle n’ouvrit pas à Zohra qui voulait lui parler. Non, à quoi cela pouvait-il servir de se confier quand l’affliction était de celle qui demeure toute une vie.
À suivre
A. K.
7 novembre 2010
1.Extraits