Le passage de responsables du Fonds monétaire international, dont le directeur général Dominique StraussKahn, ne constitue pas un «non-évènement», même s’il ne fallait pas s’attendre à des étincelles. L’état des finances de l’Algérie est suffisamment dégagé pour que les remontrances ne soient pas de mise.
Que ce soit M. Dominique Strauss-Kahn ou le chef de mission Joël Toujas-Bernaté, les constats sont faits sur un mode équilibré, sans excès. L’économie algérienne a du «potentiel» mais elle souffre de blocages lourds qu’il faut lever si l’on veut relever le défi de l’emploi des jeunes. On peut de ce fait, en tant qu’Algériens, choisir de voir le verre à moitié plein et répéter à satiété l’affirmation de Dominique Strauss-Kahn selon laquelle l’Algérie est un «pays où l’économie fonctionne
».
Le même jour où cette déclaration était faite, le Doing Business 2011, confectionné par la Banque mondiale et la Société financière internationale (SFI), accordait à l’Algérie une tristounette 136e place, très loin de la Tunisie, première du Maghreb, qui se classe à la 55e place.
Il faut pourtant choisir, non par sinistrose, mais par souci de ne pas dormir sur ses lauriers et sur les consistantes réserves de change, de regarder le verre à moitié vide. Le chef de mission du FMI peut nous expliquer que l’affaire Djezzy ne constitue pas un facteur dissuasif à l’investissement étranger; il peut même souligner, à l’instar des responsables algériens, que le reflux des IDE en 2009 participe d’une tendance mondiale Mais il observe cependant qu’en 2010, les flux des IDE ont repris dans des pays émergents et que l’Algérie ne fait pas partie des pays de destination.
De cette économie «qui fonctionne», le FMI attend qu’elle approfondisse les réformes structurelles, qu’elle améliore le climat des affaires, qu’elle booste l’entrepreneuriat privé, qu’elle devienne plus attractive pour les investisseurs étrangers Sacré programme !
Bien entendu, le discours du FMI et ses recettes, que les Algériens ont connues avec les programmes d’ajustement structurel, ne sont pas paroles d’évangile. Certains de ces constats relèvent cependant du bon sens. Le climat des affaires peut être amélioré sans grande difficulté si la politique économique est lisible, s’inscrit dans la durée et si l’administration gagne en efficacité.
Des investisseurs étrangers, intéressés par le marché algérien, choisissent de se mettre en «attente» afin d’avoir une meilleure visibilité après les changements brusques dans la politique économique entamés avec la LFC 2009.
Il ne sert à rien d’invoquer un contexte international quand on n’a pas vraiment fait l’effort d’expliquer que la «nouvelle politique économique» n’est pas l’expression d’une défiance ou d’un rejet des investissements étrangers. A tort ou à raison, c’est l’image que l’Algérie donne. On peut se féliciter que le FMI estime que le litige sur Djezzy ne constitue pas un critère d’appréciation des investisseurs étrangers, il faut espérer que la politique économique de l’Algérie ne soit pas non plus obsédée par l’épisode des cimenteries Orascom vendues à Lafarge.
Le véritable enjeu est bien de créer suffisamment d’emplois pour les jeunes générations et de réaliser une réelle diversification de l’économie. Cela a été dit, cela vient d’être redit par le chef de mission du FMI. C’est bien là où se trouve le verre à moitié vide et il faut trouver la bonne politique pour le remplir.
6 novembre 2010
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