Je vais enfin pouvoir dormir. C’est qu’il fait chaud cette nuit, et les chiens errants qui envahissent les artères de la cité semblent, plus que nous autres «bipètes», indisposés. Les klebs, de races différentes, cette coalition semble vouloir mettre son veto sur le sommeil.
Je ferme la fenêtre, rien à faire ! Cette foutue chaleur me tient éveillé. Je laisse passer les aboiements qui commencent à se fondre dans le silence de la nuit. Ouf… je vais pouvoir ouvrir la fenêtre… respirer l’humidité à pleins poumons. C’est mieux que rien. Peut-être pourrai-je trouver le sommeil. Je me retourne.
Retourne mon oreiller… Areu… reu-reu… Non ! Pas maintenant! C’est le voisin qui tente de démarrer sa voiture. Apparemment, il a un problème d’allumage, areu-reu-reu… rien, le moteur refuse de répondre. Il insiste avant de commencer à jurer. Silence. Il remet ça. Areu-reu-reu. Les klebs reviennent. Il tente de les faire fuir. Eux, how, how, how. Lui, areu-reu-reu… C’est à devenir zinzin. Le muezzin annonce la prière. Celui de notre quartier est tout le temps en avance sur les autres. C’était un ancien chanteur de raï qui a changé d’impresario. Il a opté pour la voie de l’au-delà. Il s’est laissé pousser la barbe. Ceux qui le connaissent pensent qu’il a bien fait. Il buvait trop. Paraît même qu’à midi, en plein vendredi d’un certain ramadhan, on l’a retrouvé complètement ivre, somnolant au seuil de la mairie. Le planton de cette institution, outré, récitant tous les versets, en amont et en aval du livre saint, a tenté de le réveiller. « Fous-moi la paix. Je fais ce que je veux. Je suis fils de
». C’est le fourgon de police qui a dénoué en catimini la situation. Car déplacer un cheb fils de .., né en 1965 de surcroît, n’est pas une mince affaire. Il faut énormément de volonté politique.
6 novembre 2010
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