Edition du Samedi 06 Novembre 2010
Des gens et des faits
“Condamnée à la solitude”
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Voyant que son frère voulait compliquer la vie de Ghania en la promettant à un garçon qui lui déplaisait, il décida de la demander en mariage pour son fils Lyès. Hacène tenait à ce qu’elle étudie à la fac…
11eme partie
Prétextant un rendez-vous pour le surlendemain, les fiançailles furent fêtées le soir même, en présence de Boualem et de Zohra.
Ce fut Ali qui les emmena à Alger. Ghania n’en revenait pas. Elle était bel et bien à Alger, chez sa sœur.
Après des mois d’incertitude, elle allait pouvoir enfin réaliser ce rêve. Elle n’aurait su exprimer sa reconnaissance à Zohra et à Boualem qui, tous deux, très gentils, faisaient tout pour la mettre à l’aise. Ils affirmaient à leurs voisins venus voir la belle Ghania qu’ils ne faisaient que leur devoir. Elle était capable d’aller loin dans ses études. Pourquoi ne pas l’aider à se réaliser ? Pourquoi lui mettre des bâtons dans les roues alors qu’elle avait déjà fait ses preuves ?
Ghania put aller à l’université d’Alger dès l’automne 1986. Elle étudiait la médecine, métier qui, plus tard, lui apporterait le respect et l’estime des siens et des villageois.
Vu qu’il n’y avait aucun médecin au village natal, elle exercera sa profession au village où elle envisage d’ouvrir un cabinet.
Durant les premiers mois, elle se consacra passionnément à ses études. Ses loisirs, elle les partageait entre son neveu Samir, sa sœur, qui souffrait parfois de maux de tête, jouait un quart d’heure au scrabble avec son beau-frère et le peu qu’il lui restait, elle le réservait à la lecture, en plus de ses études.
Un soir où elle s’attardait devant ses feuillets de cours, elle fut convoquée par son beau-frère. Il voulait lui parler. Et tout de suite !
Ghania était surprise. Qu’avait-il à lui dire à une heure aussi tardive ? Qu’y avait-il d’urgent qui ne pouvait pas attendre le matin ?
Un peu à contrecœur, elle repoussa ses feuillets et mit sur ses épaules sa robe de chambre avant d’aller au salon.
Boualem l’y attendait. Zohra était aussi présente. La vague d’inquiétude qui avait saisi la jeune fille s’estompa à la vue de leur sourire. Non, il n’y avait rien de grave. C’était visible sur leur visage. Elle était rassurée.
Comme elle était restée debout, ne s’étant pas donné la peine de s’asseoir, Zohra l’invita à prendre place près d’elle sur le divan, tout en lui disant :
- Nous voulons te parler.
Une fois sa cadette près d’elle, elle se tourna vers son mari, comme pour lui dire de parler en premier.
- Ghania, j’ai remarqué que tu étais toujours sereine et très calme.
- Est-ce mauvais ?
- Non. Enfin, je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas te mêler aux autres. Pourquoi tu veux passer à côté de la vie ? dit Boualem.
Ghania avait eu un sourire avant de lui répondre :
- Mais je la vis ! Comment voudrais-tu que je sois, qu’elle soit ?
Son beau-frère soupira. Il regarda sa femme, semblant hésiter à répondre. Zohra hocha la tête, tandis que Ghania fronçait les sourcils lorsqu’il continua :
- Tu devrais être comme les jeunes de ton âge, être un peu plus légère, être toi ! Pourquoi tant de gravité ? Tu auras bientôt vingt ans ! Et tu ne t’es jamais maquillée, tu ne te fais jamais belle, tu ne fréquentes personne d’autre à part nous. Pourquoi cette exclusion de joie, d’amitié et de beauté ? l’interrogea-t-il. Que t’est-il arrivé qui ait pu te marquer. Qui te bloque depuis ?
À suivre
A. K.
6 novembre 2010
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